Les redresseurs, excédés par Abada et les siens, ont pris la décision de ne plus les consulter. Nouveau coup de théâtre dans la crise qui n'en finit plus de secouer le FLN. Lors même que les tractations entre les redresseurs conduits par Belkhadem et la commission provisoire chargée de la gestion des affaires courantes que préside Abada étaient sur le point de trouver un consensus, les tractations ont de nouveau buté sur «des questions de principe», sur lesquelles ni l'un ni l'autre des deux camps ne semble prêt à céder. Selon des sources proches des deux camps, nous apprenons ainsi que le seul point sur lequel un accord a pu être trouvé, est «la composition de la direction de la commission de préparation du 8e congrès du FLN, dit rassembleur». Ainsi, et quelle que soit l'évolution de la situation, «Abdelaziz Belkhadem présidera cette commission. Il sera secondé dans cette tâche par Salah Goudjil.» Le consensus ne manque pas de «piquant» partant du constat que cet ancien ministre de la Pêche sous Mouloud Hamrouche est un ancien pro-Benflis. Cette grande concession faite par les redresseurs ne semble pas avoir totalement satisfait Abada et les siens. Des sources proches des redresseurs nous informent, en effet, que «cette commission provisoire a tenté d'imposer la douzaine de ses membres, mais aussi les anciens ministres de Benflis au sein de la commission». Inutile de dire que les redresseurs rejettent, dans le fond et dans la forme, une pareille demande. Cela est d'autant plus évident, souligne-t-on encore, que «le groupe que dirige Abdelkrim Abada a poussé le bouchon jusqu'à demander à l'autre camp de remettre sa liste afin de l'étudier et de voir quels noms retenir». Pour nos sources, «accepter une pareille alternative, carrément humiliante, reviendrait à remettre en cause les longs mois de combat et de sacrifices, mais aussi la victoire qui a résulté du scrutin présidentiel du 8 avril dernier». Les redresseurs, qui ont laissé les dernières heures de l'après-midi d'hier pour tenter de dégager une solution finale, ont fini par se résigner à mettre en place, unilatéralement, cette fameuse commission. Le communiqué y afférent est imminent. Mais, d'ores et déjà, nous apprenons que cette structure, qui prendra désormais les commandes du parti, «sera composée par l'ensemble des membres du comité central issu du 7e congrès, tous les membres du bureau national du mouvement de redressement ainsi que les coordinateurs de wilayas». Nos sources, qui ajoutent que la question sera définitivement tranchée durant ce week-end, ajoutent que «seule une poignée de personnes, environ une vingtaine, se retrouvera en marge de cette démarche». Elles n'en précisent pas moins que «parmi ces gens, tous ceux qui jouissent du droit légal de faire partie de cette commission, mais en y occupant des rôles d'arrière-garde en attendant que l'urne tranche, peuvent l'intégrer à tout moment». Pour ce qui est de la date de la tenue du congrès, nos sources précisent que celle-ci n'a pas encore été retenue, mais cela ne saurait tarder puisque dès la semaine prochaine la dernière ligne droite en direction de ces assises sera négociée. Cela, à moins d'un quelconque nouveau coup de théâtre, comme le FLN sait en concocter régulièrement et magistralement.