Le projet de gazoduc South Stream, reliant la Russie à l'Italie, n'avancera pas tant que la Russie ne changera pas de cap sur l'Ukraine, a déclaré dans un entretien publié hier le commissaire européen à l'Energie, Günther Oettinger. «Nous reprendrons les négociations quand le partenaire russe se conformera à nouveau aux usages du droit international et sera prêt à une coopération constructive sur la base de notre droit de l'énergie», a prévenu M.Oettinger à l'hebdomadaire allemand Frankfurter Allgemeine Sonntagszeitung (FAS). «Dans la situation actuelle, avec une situation de quasi-guerre civile dans l'est de l'Ukraine et alors que Moscou ne reconnaît pas le gouvernement de Kiev, nous n'allons sûrement aboutir à rien dans nos négociations», a-t-il poursuivi. Mené par le gazier russe Gazprom et le groupe énergétique italien ENI, South Stream doit relier la Russie à la Bulgarie via la mer Noire en contournant l'Ukraine, avant de poursuivre vers la Grèce et l'Italie, la Serbie, la Hongrie, la Slovénie et éventuellement l'Autriche. Sur fond de crise en Ukraine, le Parlement européen a toutefois pris mi-avril une résolution non contraignante demandant la suspension du projet, une décision contestée par plusieurs capitales dont Sofia et Budapest, pour qui la crise actuelle est au contraire un argument pour accélérer les efforts. L'antenne bulgare du projet, South Stream Bulgaria, continue d'ailleurs à travailler comme si de rien n'était. Elle a annoncé la semaine dernière avoir attribué le contrat pour la construction du tronçon bulgare à Stroytransgaz, une entreprise russe faisant l'objet de sanctions américaines suite au conflit russo-ukrainien. Les travaux en Bulgarie doivent débuter cet été.