Les protestataires réclament le rétablissement dans leurs droits. Les magistrats de la Cour des comptes ont observé, dans la matinée d'hier, un rassemblement devant leur institution. Cette action se veut, selon M.Ben Hella Saâd Eddine, secrétaire général du Syndicat national des magistrats de la Cour des comptes, l'ultime appel adressé au président de la République. Elle intervient, a-t-on précisé, après moult recours introduits auprès des différentes instances du pays. Le mouvement de protestation traduit, selon les magistrats rencontrés sur les lieux, leur mécontentement quant «au silence affiché par les pouvoirs publics devant les nombreux problèmes que nous rencontrons dans la gestion de notre carrière ainsi que dans la définition même de l'application de notre statut particulier». Derrière cette expression de mécontentement, apparaissent des revendications liées surtout au volet professionnel et salarial. Quatre questions sont à l'origine de la grogne. La dégradation de la situation professionnelle des magistrats est illustrée, d'après M.Ben Hella, par «leur exclusion injustifiée et discriminatoire des dernières mesures de réajustement salarial prises en faveur de l'ensemble des autres catégories d'agents de l'Etat». Conforté dans son engagement, notre interlocuteur, appuyé par le soutien de ses collègues, s'insurge contre «la non-application de la faveur accordée par le premier magistrat du pays, portant sur une augmentation évaluée à 800 points (mesure d'estimation)». Les dispositions législatives fixant le mode de nomination des magistrats de la Cour des comptes, arrêtées, rappelons-le, par décret présidentiel, ont été, estiment nos interlocuteurs, «violées, amenant certains magistrats à exercer leur fonction sans y être régulièrement nommés». Tout en concédant quelques avancées, «appliquées uniquement aux cadres supérieurs sur ordre législatif (art 55 de l'ordonnance 95-23)», les magistrats de la Cour des comptes restent sur leur faim au sujet de la retraite. Autrement dit, les magistrats «nommés à des fonctions administratives supplétives bénéficient du régime indiqué dans la disposition législative sus citée, tandis que ce régime est refusé à ceux par qui l'institution accomplit sa mission», explique le Syndicat des magistrats de la Cour des comptes dans sa lettre adressée au président de la République. De ce fait, les magistrats protestataires réclament, par le biais de M.Ben Halla, le «rétablissement» dans leurs droits et la nécessité de donner à «l'institution une nouvelle configuration en la dotant de règles de fonctionnement adaptées aux profondes mutations enregistrées par notre pays». A travers cette revendication, les magistrats, ajoute notre interlocuteur, «retrouveront la sérénité indispensable à l'exercice de la mission de contrôle et de surveillance de l'argent public».M.Ben Hella a indiqué enfin que le Syndicat des magistrats de la Cour des comptes restera en session ouverte, à partir du 15 juin, et ce, en vue de programmer d'autres actions si «aucune suite n'est réservée à leur appel».