Les enfants de feu Mohamed Abderrahmani recevant des mains de Noureddine Naït Mazi, ancien directeur général d'El Moudjahid, le portrait sur céramique de leur père «Les professionnels de l'information sont les vigiles de la société. Il ne faut jamais porter atteinte à la dignité humaine», disait le défunt journaliste, lâchement assassiné. Véritable référence nationale dans le domaine du journalisme et de l'engagement pour la cause nationale durant et après la guerre de Libération nationale 1954-1962, le défunt Mohamed Abderrahmani, ancien journaliste et directeur du journal El Moudjahid, a été revisité hier à l'occasion de la célébration du 58e anniversaire de la création du journal El Moudjahid, le 21 juin 1956 au forum El Moudjahid a Alger. Nourredine Naït Mazi, ancien directeur du quotidienc El Moudjahid, figure emblématique de la presse nationale, témoigne de la période durant laquelle il a travaillé avec lui. «Mohamed Abderrahmani, c'est le personnage qui mérite le mieux un hommage. Si je dois résumer le personnage en trois mots, je dirai que c'est un grand travailleur, loyal et modeste», a souligné M. Nourredine Naït Mazi qui n'a pas manqué de reconnaître l'apport et la grande compétence du défunt Mohamed Abderrahmani qui a été de tout temps une valeur intrinsèque pour assurer le meilleur de soi à la tête du quotidien El Moudjahid. La présence de nombreux anciens journalistes et directeurs de publication qui se sont exprimés à tour de rôle, témoigne de la valeur du défunt qui a été lâchement assassiné le 27 mars 1995 par la horde islamiste et obscurantiste, à Hussein Dey à Alger. Ahmed Fattani, directeur du journal L'Expression, a fait part d'une qualité de taille de l'équipe qui a constitué le journal El Moudjahid. «Nous étions trois courants différents les uns des autres au sein de la rédaction El Moudjahid. Mais il y avait un respect mutuel entre tous les journalistes des différents courants», avant de reconnaître que Mohamed Abderrahmani était plus patient que lui. Présentes à cet hommage, d'autres figures bien connues de la scène nationale, à l'image de Karim Younès, ex-président de l'APN, Djamel Ould Abbès, ex-ministre et actuellement sénateur, le Dr Youcef Aggoune, directeur de Média Marketing, les directeurs d'El Moudjahid et Horizon, El Massa en langue arabe, des membres de la famille du défunt Abderrahmani et du représentant du ministère de la Communication, sont venus rendre hommage à l'une des inoubliables plumes, responsable et homme de principes nobles de la presse algérienne. Homme de valeur, journaliste et responsable d'un journal au sens noble de l'éthique et de la déontologie, le défunt Abderrahmani accordait beaucoup d'importance, d'attention et de respect aux relations humaines et professionnelles au point que Madjid Ayad, secrétaire général de la rédaction, qui a partagé les dernières heures de la vie du défunt, se soit laissé emporter par l'émotion. «C'est Abderrahmani qui nous déposait chez nous après le bouclage. Mais une journée avant son assassinat, il nous a demandé de ne pas l'accompagner, afin d'éviter tout risque au cas où il venait â être la cible des terroristes», a souligné M. Ayad qui a été longuement applaudi en raison de la sensibilité et la sincérité de son témoignage. Il a, par ailleurs, ajouté que le défunt n'avait ni chauffeur, ni voiture de service, ni logement de fonction. Evoquant à plus d'un titre les qualités et valeurs journalistiques dignes du pays, Karim Younès, dira que Mohamed Abderrahmani, «est un martyr de la presse nationale. Un engagé avec force et conviction pour le devoir de vérité et de justice sociale de tous les temps», tout en tenant à rappeler d'autres plumes qui nous ont quittés à jamais. Un journaliste qui assume et s'assume. «Les professionnels de l'information sont les vigiles de la société.» «Ne jamais porter atteinte à la dignité humaine», ce sont là, quelques-uns des principes qui ont été défendus et mis en valeur par le défunt Mohamed Abderrahmani qui mérite plus qu'un hommage, mais une fondation qui porte son nom ou baptiser un établissement d'envergure qui devra rappeler aux générations les valeurs du sacrifice pour la liberté et l'éthique du journalisme dans toutes ses dimensions, a-t-on indiqué. Avançant le nombre de 109 personnes assassinées entre journalistes et techniciens de la presse nationale, dont neuf journalistes du quotidien El Moudjahid, Mahmoud Boussoussa, ancien journaliste du même quotidien, a souligné lors de son intervention que la presse nationale a payé un très lourd tribut. «Je me suis limité à donner les dates et les noms des journalistes assassinés. Je ne veux pas aller dans le détail afin d'éviter qu'on nous dise que vous êtes en train de remuer le couteau dans la plaie», dira M.Boussoussa, tout en pensant et rendant hommage à tous les journalistes et intellectuels assassinés durant la décennie noire. Attention à l'oubli! Le passé, c'est le miroir.