Emotion et souvenirs ont marqué, hier, au siège du doyen de la presse nationale, le quotidien El Moudjahid, la sympathique cérémonie organisée pour rendre hommage à l'ancien directeur du journal, Nourredine Naït Mazi. Etaient présents à ces émouvantes retrouvailles, d'anciens gestionnaires du journal qui lui ont succédé, à l'instar de Mohamed Louber et Zoubir Zemzoum, des journalistes qui ont fait leurs classes dans ce journal et passé une grande partie de leur carrière, des techniciens de l'imprimerie, aujourd'hui à la retraite, des travailleurs des différents services ayant travaillé sous la direction de M. Naït Mazi qui a eu à diriger le journal durant deux longues décennies, avant de prendre sa retraite dans les années 1990. Un documentaire retraçant le parcours professionnel de l'ancien directeur d'El Moudjahid, réalisé par Salim Aggar, a été diffusé à cette occasion. Des confrères qui l'ont connu de près pour avoir exercé des responsabilités dans les différents services rédactionnels se sont relayés tout au long de ce documentaire de 52 mn pour apporter leurs témoignages sur l'homme, ses qualités humaines, le gestionnaire rigoureux, mais surtout le professionnel de la presse, le «moudjahid de la plume» qu'il fut, maniant admirablement la plume et le verbe et ayant une grande maîtrise des dossiers nationaux et internationaux. Saisissant cette opportunité, M. Naït Mazi est intervenu dans le documentaire pour clarifier et répondre à certains griefs qui lui sont faits par certains anciens confrères du journal sur sa gestion rédactionnelle. «Les gens pensaient que chaque jour je recevais des directives du ministre de l'Information pour établir le menu du journal du lendemain. C'est faux», a-t-il témoigné expliquant qu'il n'avait jamais eu à souffrir de l'immixtion de la tutelle dans le fonctionnement de la rédaction du journal. Assumant par conviction la ligne éditoriale imprégnée des grands idéaux des choix socialistes du système politique algérien de l'époque, M. Naït Mazi revendique haut et fort et avec fierté dans ce documentaire l'héritage révolutionnaire porté par le journal. Il n'a pas manqué d'ailleurs d'exprimer sa désolation quant à l'absence de ligne éditoriale claire dans les nouveaux titres de la presse privée, faisant que l'on publie dans une même édition une chose et son contraire. Alors que beaucoup d'anciens cadres du parti unique sont passés allégrement de chantres de l'option socialiste au libéralisme en trouvant des vertus à l'interventionnisme américain, M. Naït Mazi avoue que personne ne pourra le convaincre aujourd'hui pas plus qu'hier que l'intervention militaire étrangère en Libye et ailleurs était dictée par le souci d'affranchir les peuples de ces pays. A la fin de la cérémonie, la directrice d'El Moudjahid, Mme Naâma Abbas, a offert à M. Naït Mazi un magnifique burnous blanc immaculé.