L'Eiil a instauré la terreur dans les régions qu'il occupa par la multiplication des exécutions sommaires La visite du responsable américain intervient alors que les insurgés se sont emparés de la ville stratégique de Tal Afar, une enclave chiite dans la province de Ninive, dans le nord-ouest de l'Irak et de son aéroport. Le secrétaire d'Etat américain John Kerry est arrivé hier à Baghdad pour des consultations sur la crise en Irak où les insurgés sunnites consolident leur présence dans l'ouest du pays, frontalier de la Syrie et de la Jordanie. La visite du responsable américain intervient alors que les insurgés se sont emparés de la ville stratégique de Tal Afar, une enclave chiite dans la province de Ninive dans le nord-ouest de l'Irak, et de son aéroport, ainsi que d'Al-Walid, le deuxième poste-frontière avec la Syrie à tomber entre leurs mains ces derniers jours, après celui d'Al-Qaïm. Les jihadistes ne cessent d'engranger de nouvelles conquêtes et ont également pris au cours du week-end trois villes de la province d'Al-Anbar. Cette province stratégique est également frontalière avec la Syrie, un pays en guerre depuis trois ans où l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), qui mène l'offensive en Irak, est déjà fortement implanté. Son objectif est de créer un Etat islamique à cheval sur des territoires entre l'Irak et la Syrie. Sur le plan diplomatique, M.Kerry effectue une mission qui l'a mené dimanche en Egypte et en Jordanie, avant Bruxelles et Paris. Sa tournée porte principalement sur les efforts visant à convaincre le Premier ministre chiite, Nouri al-Maliki, de former rapidement un gouvernement d'union nationale. Les entretiens entre les deux responsables ont commencé en fin de matinée. Au Caire, le chef de la diplomatie américaine a lancé un appel aux dirigeants irakiens pour qu'ils dépassent les divisions confessionnelles et a assuré que son pays -qui a rapatrié ses troupes fin 2011 après 8 ans d'occupation- n'était «pas responsable» de la situation actuelle dans le pays et ne cherchait pas à «choisir» un leader pour l'Irak. Selon lui, les minorités kurde et arabe sunnite et certains parmi la communauté chiite, dont est issu M.Maliki, ont exprimé leur désaveu de la gestion du gouvernement. M.Maliki, Premier ministre depuis 2006, est accusé par ses opposants de l'intérieur et de plus en plus par l'allié américain, d'avoir alimenté par sa politique «confessionnelle» l'offensive d'insurgés sunnites qui ont rapidement progressé face à la débandade de l'armée et des forces de sécurité, dont il est le chef suprême. Depuis le 9 juin, les jihadistes de l'EIIL ont mis la main sur Mossoul, deuxième ville d'Irak, une grande partie de sa province Ninive (nord), de Tikrit et d'autres secteurs des provinces de Salaheddine (nord), Diyala (est) et Kirkouk (nord), et tiennent désormais quatre villes d'Al-Anbar, Fallouja, Al-Qaïm, Rawa et Aana ainsi que partiellement celle de Ramadi. Ils avaient déjà pris il y a une semaine une grande partie de Tal Afar, totalement occupée depuis hier. Dans leur avancée depuis deux semaines, les combattants de l'EIIL ont tué sauvagement des centaines de soldats, a indiqué hier un responsable de la sécurité. «Des centaines de soldats ont été décapités, pendus (...) à Salaheddine, Ninive, Diyala, Kirkouk et les zones où se trouvent les terroristes (...) de l'EIIL», a déclaré Qassem Atta, porte-parole de M.Maliki pour les affaires de sécurité. L'Irak n'a toujours pas de cabinet après les législatives d'avril dernier. Le bloc de M.Maliki est arrivé en tête de ce scrutin mais ne parvient pas à former un gouvernement tant les divisions sont profondes. Jeudi, le président Barack Obama a clairement signifié que seule une direction non confessionnelle pourrait sortir l'Irak de son épreuve actuelle, dans ce qui constitue une autre remontrance contre M.Maliki. Dans une interview dimanche, il a mis en garde contre les dangers que représentait l'offensive des insurgés sunnites en Irak pour la stabilité de la région toute entière.