Le Mouvement culturel berbère de Bgayet (MCB-Bgayet) ne rate aucune occasion pour se manifester en faveur de la revendication amazighe. Après la réussite du rassemblement organisé le 14 Juin à la placette Saïd Mekbel pour la liberté de la presse, pour lequel le MCB s'en félicite, le voilà qu'il récidive encore dans une autre action de recueillement aujourd'hui à Béni Douala sur la tombe du chantre de la chanson kabyle Matoub Lounès. C'est ce qu'il a indiqué dans une déclaration rendue publique hier. «Fidèle à ses principes et reconnaissant envers toutes les forces et autres personnes ayant lutté pour la reconnaissance de tamazight, identité, langue et culture, le MCB-Bgayet organise aujourd'hui, date du 16e anniversaire de l'assassinat de Matoub Lounès une caravane à Taourirt Moussa pour se recueillir sur la tombe du chantre de la chanson amazighe, militant infatigable de toutes les causes justes». Pour ce faire le MCB de Béjaïa a mobilisé une flotte de bus pour permettre à toutes celles et tous ceux qui souhaitent se déplacer sur les lieux et ils sont déjà fort nombreux à prendre part à cette caravane de recueillement. C'est dire que le retour du MCB sur le terrain à Béjaïa continue à susciter la curiosité si ce n'est pas l'engouement. La conjoncture qui se singularise par le chantier de la révision constitutionnelle, dont les consultations sont toujours en cours, réveillent chez les militants de la cause berbère un intérêt grandissant. Ces derniers trouvent dans le cadre traditionnel du MCB un moyen de se mobiliser loin des chapes politiques, qui ont toujours exploité à des fins politiciennes cette même cause. Depuis mars dernier, date de la renaissance du MCB, la mobilisation va crescendo même si elle reste circonscrite au niveau de Béjaïa. Mais les animateurs du MCB ne perdent pas espoir de rallier à leur cause les traditionnelles régions actives au sein du MCB. Le déplacement d'aujourd'hui à Tizi Ouzou s'inscrit aussi dans cette optique. Des contacts entre militants de différentes régions sont au programme nous dit-on avec enthousiasme. Dans sa déclaration, le MCB «s'incline devant la mémoire de toutes celles et ceux qui sont tombés durant le printemps noir 2001 et dénonce l'impunité dont jouissent les assassins de nos valeureux martyrs». Convaincu de la légitimité et de la justesse de sa revendication relative à l'officialisation de tamazight, le MCB-Bgayet réitère «sa détermination à continuer la lutte jusqu'à sa constitutionnalisation en tant que langue officielle». A cet effet, le MCB-Bgayet appelle les partis politiques et la société civile (les artistes, les étudiants, les personnalités politiques indépendantes, le mouvement associatif) «à s'unir pour faire pression, tous ensemble, sur le pouvoir central afin de régler la question de l'amazighité de manière définitive dans notre pays». En conclusion, le MCB se dit«convaincu que l'aliénation linguistique conditionne l'aliénation culturelle qui, elle aussi, conditionne l'aliénation politique» et à ce titre, il «met en garde le pouvoir central quant aux dérives qui découleraient de toute autre volonté allant à contre-courant de l'officialisation de tamazight».