Un appel a été lancé pour un recueillement le 25 du mois en cours à Béni Douala sur la tombe du chantre de la chanson amazighe, Matoub Lounès. Le mouvement culturel berbère (MCB de Béjaïa) a clairement averti hier contre le rejet de l'officialisation de tamazight, mettant devant ses responsabilités le pouvoir qui s'apprête à réviser la première loi du pays. S'appuyant sur les dernières évolutions de ce dossier, notamment la dernière intervention du Premier ministre Abdelmalek Sellal sur cette question, le MCB de Béjaïa s'est montré menaçant allant jusqu'à évoquer une radicalisation. Une première pour un mouvement qui s'est particulièrement distingué par son pacifisme et son sens de l'unité du pays. «Officialisation ou séparation», a martelé un intervenant, reprenant le slogan des Libyens en relation avec la même cause. En d'autres termes, le pouvoir n'a le choix que «d'officialiser la langue amazighe, satisfaisant de fait une revendication populaire légitime portée par plusieurs générations ou de faire face à l'avenir à un mouvement incontrôlable». C'est l'essentiel du message à retenir de cette dernière sortie du MCB de Béjaïa, dont la réactivation remonte au mois de mars dernier après de longues années d'hibernation. Hier, les animateurs du MCB ont saisi l'opportunité à l'occasion de la célébration du 13ème anniversaire de la marche historique du 14 juin 2001 à Alger pour presser davantage les tenants du pouvoir afin d'accéder à la revendication de l'officialisation de la langue amazighe. Devant une assistance essentiellement composée de personnes adultes, dont Ali Gherbi ancien animateur du mouvement citoyen des années 2000, le chanteur Boudjamaâ Agraw et de nombreux anciens militants de la cause, les animateurs du MCB se sont succédé à la tribune pour réclamer l'officialisation de la langue amazighe qui demeure «un socle identitaire de la nation algérienne». «On ne peut pas parler de la Réconciliation nationale sans l'officialisation de tamazight», a indiqué Boualem Chouali, un des animateurs du meeting. Ce dernier a retracé auparavant les raisons du retour du MCB sur la scène politique. Un retour motivé pour l'essentiel par l'insatisfaction de cette revendication et la conjoncture qui précède la révision de la première loi du pays, en l'occurrence la Constitution. Abordant la conjoncture nationale actuelle, Djamel Ikhloufen a souligné de son côté l'opportunité de mettre un terme à ce problème par une mesure courageuse, qui n' aura de valeur que de répondre à une cause pour laquelle de nombreux sacrifices ont été consentis par des générations. «C'est le moment ou jamais», a martelé Boualem Chouali qui n'a pas tari d'exemples prouvant l'attachement de la population à cette revendication, qui sous d'autres cieux a été satisfaite facilement et suite à de simples manifestations. Citant tour à tour les pays du Maghreb qui ont procédé à l'officialisation de tamazight, dont le Maroc et la Libye. «Pourquoi tous ces subterfuges du pouvoir qui continue à trouver toutes les excuses, aussi ridicules soient-elles, pour s'opposer à la satisfaction de cette revendication populaire?», s'est encore interrogé l'orateur Chouali. Enfin, un appel a été lancé pour un recueillement le 25 du mois en cours à Béni Douala sur la tombe du chantre de la chanson amazighe, Matoub Lounès.