Ils étaient des dizaines de militants, hier, à observer, sous un soleil de plomb, un rassemblement à la place Saïd-Mekbel pour la liberté de la presse, à Béjaïa. L'action, tendant à exiger l'officialisation de tamazight, a été initiée par le Mouvement culturel Berbère (MCB) de Béjaïa. Une manifestation à laquelle ont pris part des militants de partis politiques de la mouvance démocratique, des syndicalistes, des artistes et des chanteurs comme Boudjemâa Agraw. Le rassemblement a été suivi d'un meeting. "Ce n'est pas en restant dans l'expectative que nous réglerons la question de l'officialisation de tamazight, mais par la mobilisation citoyenne", a déclaré Boualem Chouali, animateur du MCB. "Aujourd'hui, a-t-il ajouté, pour reprendre un couplet de l'une des chansons du regretté Matoub Lounès : qui ne dit mot consent." L'intervenant n'a pas manqué de descendre en flammes le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, qui a exclu l'officialisation de tamazight "pour des raisons techniques". Et de déclarer aussitôt : "Sellal a raté une occasion de plus de se taire." En guise de réponse, Boualem Chouali rétorquera à l'adresse du Premier ministre qu'"avant d'être technique, la question est avant tout politique". L'orateur a soutenu enfin que tamazight est le ciment de la nation et par conséquent son officialisation garantira la stabilité de l'Algérie. L'intervenant a usé d'un ton ferme pour avertir des conséquences qui découleront d'une nouvelle exclusion de tamazight à l'occasion de la révision constitutionnelle en cours. "Le pouvoir en assumera seul les conséquences", a-t-il déclaré avant d'informer l'assistance que le MCB organisera, le 25 juin, un recueillement sur la tombe de Matoub Lounès pour commémorer le 16e anniversaire de l'assassinat du Rebelle. Lui succédant à la tribune, Djamel Ikhloufi, animateur du MCB et enseignant de langue amazighe, a indiqué le 14 juin, cette date symbole du Printemps noir de la Kabylie a été rappelée afin que nul n'oublie. La grande marche historique du Mouvement citoyen de Kabylie à Alger avait drainé plus d'un million de manifestants, le 14 juin 2001. Une marche qui avait été réprimée dans le sang par le pouvoir. "La journée du 14 juin est une journée de commémoration et de revendication pour le MCB, qui s'incline devant la mémoire de toutes les victimes du Printemps noir." Pour ce militant et enseignant de tamazight, la seule réconciliation salutaire pour le pays est celle de la nation avec son identité amazighe, qui passe par son officialisation. "Pas d'Algérie sans tamazight", a-t-il clamé. L'intervenant a réaffirmé ensuite le caractère transpartisan du MCB. Dans la perspective de la révision constitutionnelle, il a annoncé que le MCB, si jamais tamazight n'est pas reconnue langue officielle, appellera au boycott du référendum sur la Constitution et à un rassemblement devant l'APN, si la révision devait passer par la voie parlementaire. L. O. Nom Adresse email