Ces hommes qui sont accompagnés de leurs femmes et enfants, se rendent sans conditions. Trente-sept islamistes armés s'apprêtent à déposer les armes et à se rendre aux autorités dans la région de Jijel, a annoncé hier, la radio algérienne. Ces hommes qui sont accompagnés de leurs femmes et enfants, se rendent sans conditions : «Ils ont été convaincus de se rendre grâce à des contacts avec leurs proches et à un membre de cette phalange qui s'est rendu aux autorités récemment», précise la radio, citant des sources sécuritaires de la région. Cette annonce de la très officielle radio d'Etat, fait suite à l'annonce de «redditions en cascade» dont fait état la presse depuis la réélection du président de la République Abdelaziz Bouteflika. Si l'on se réfère à ces seules annonces, il y aurait eu quelque 250 islamistes armés dans la seule région de Jijel. Chiffre jugé très excessif, car il constitue près de la moitié des effectifs du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (Gspc) très hégémonique dans la région. Joint hier, par téléphone, Madani Mezrag, ex-émir de l'Armée islamique du salut (AIS, branche armée du FIS, autodissoute le 13 janvier 2002, ndlr), a indiqué «ne pas être au courant de ces dernières redditions», et a même marqué un temps de doute. Ancien chef de guerre dans la région, Mezrag, natif de Jijel, est par ailleurs, très impliqué dans les contacts établis avec les groupes armés de Jijel, Collo, El Kala, Skikda, etc. où ses lieutenants de l'AIS restent très influents. Rappelons que Mezrag s'était affiché à côté de Bouteflika, qu'il a appuyé lors de l'élection présidentielle du 8 avril 2004, défiant même la direction politique de l'ex-FIS, signataire d'un communiqué invitant le peuple algérien au boycott. L'information relative à la reddition des 37 islamistes n'indique ni le nom de la phalange ni celui du lieu de la reddition. Ce flou est peut-être sciemment entretenu afin de ne pas dévoiler les dessous de l'entreprise jusqu'à sa réalisation, car est puni de la peine de mort par la direction du Gspc, «quiconque se rendra coupable de ridda» synonyme dans la littérature djihadiste du Gspc de dépôt d'armes ou reddition. Dans un récent entretien accordé par le nouvel émir du Gspc, Abou Ibrahim Mustapha (Nabil Sahraoui) à la commission de l'information de l'organisation, celui-ci réfute tout contact avec les autorités et dément la reddition de ses hommes «engagés dans une lutte sans merci contre le régime apostat.» Plusieurs autres communiqués du Gspc démentent aussi les informations relatives aux redditions et invitent leurs hommes à «faire preuve de la plus grande vigilance» envers ces affabulations «dont le but serait de provoquer des fissures dans le djihad». Cette guerre de l'information, savamment entretenue depuis une dizaine d'années, risque de s'exacerber les prochains jours. La mort de Hacène Hattab, la capture de Amari Saïfi («Abderrezak Le Para») les attentats perpétrés en Kabylie et dans la capitale ont été autant de motifs qui ont donné leur pleine mesure aux commentaires et aux manipulations de l'information de toutes sortes. Quoi qu'il soit, il est certain que plusieurs ex-terroristes ont déposé les armes à travers beaucoup de wilayas du pays. Leur nombre reste très en deçà de ce qui avait été annoncé. Reste le commentaire à faire sur ces redditions et qui relève d'un autre chapitre.