le chef du gouvernement, lui-même, reconnaît l'existence de «réseaux spécialisés dans l'économie informelle». L'intervention du chef du gouvernement, M.Ouyahia, à l'ouverture des travaux de la 24e session du Cnes n'est pas venue conforter ceux qui attendent un plus de «largesse» de la part de l'Etat, suite à l'embellie financière enregistrée ces deux dernières années. Après avoir écouté les préoccupations du Cnes dont il a dit qu'elles sont «celles du gouvernement», Ouyahia a précisé, en revanche, que la plus grande réforme qui s'impose en urgence est «la réforme des mentalités». «Je ne serai jamais un partisan de la politique des slogans», a-t-il avisé. Une façon de dire que nulle réforme ne peut aboutir sans que la vérité socioéconomique du pays soit disséquée sans tabous. Des vérités qui ne sont pas «bonnes à dire», selon Ouyahia. Faisant le point de la situation économique du pays, Ouyahia a estimé que des «améliorations significatives ont été constatées». Afin d'étayer ses dires, il a évoqué, à titre illustratif, le niveau de croissance qui a atteint 4,4% hors hydrocarbures, sans omettre d'indiquer les «sauts qualitatifs» réalisés en matière de crédit bancaire, des références économiques fondamentales et des mécanismes d'encouragement de l'investissement. Malgré toutes ces «prouesses», Ouyahia a affirmé que l'on n'est qu'au branle-bas du combat. C'est alors qu'il a soutenu fermement que de «profondes réformes structurelles restent à engager». Les entreprises publiques sont en ligne de mire. A se référer aux chiffres avancés par le chef du gouvernement, 350 d'entre elles sont complètement «déstructurées», tandis que 200 se sont avérées économiquement non établies, c'est-à-dire sans avenir économique. Nous dirigerions-nous vers un autre démantèlement du secteur public qui déboucherait sur des vagues de licenciements? Ouyahia a rassuré : «Quelle que soit la nature de la privatisation des entreprises, les emplois seront sauvegardés». Et c'est sur ce chapitre que le chef du gouvernement a enchaîné sur le secteur privé le considérant, de prime abord, «en net progrès». Cependant, il a avoué qu'il est toujours «perfectible» et une mise à niveau ainsi que des crédits de soutien aux PME-PMI s'imposent. Abordant l'épineux problème du foncier, le communiquant a mis en garde contre tout dessein scabreux. «L'Etat ne sera pas amène avec ceux qui utiliseront ses biens immobiliers pour des visées autres que celles conclues au préalable», a-t-il menacé. Ainsi, il ressort de la fermeté d'Ouyahia que toute construction sur des terres agricoles sera démolie et tout bien accordé pour une activité bien précise vendu ou loué sera retiré. Dans le cas du marché informel, Ouyahia a clairement signifié l'incapacité du gouvernement à y mettre un terme sans le concours de tous les citoyens. «On ne saurait mettre un policier derrière chaque citoyen», s'est-il défendu en exhortant tout un chacun à s'y impliquer activement. La tâche est des plus ardues lorsqu'Ouyahia, lui-même, reconnaît l'existence de «réseaux spécialisés dans l'économie informelle» et «ce n'est point les vendeurs de cigarettes ou de quelques habits qui posent réellement problème». Il apparaît donc qu'un dispositif efficace pour lutter contre l'informel n'est pas pour demain. «Nous ne sortons pas d'une phase du terrorisme pour aller vers celle de la terrorisation», a tranché le patron de l'Exécutif. Idem, concernant le système d'informations économiques. En fait, sa non-performance est renvoyée à «la non-disposition des entrepreneurs à communiquer». Arrivant au dernier point qui est le social, Ouyahia s'est félicité des «bonds non négligeables» qui ont été réussis, surtout l'augmentation du Snmg de 60%, lors des cinq dernières années. Et de rappeler que tout ce qui reste à faire ne peut l'être instantanément. Car il est tributaire de l'aboutissement des réformes, des privatisations et de la mise en exécution des accords d'association avec les partenaires étrangers.