Toutes les wilayas et les bourgades du pays sont touchées. «Sept cents marchés illégaux sont recensés à l'échelle nationale d'une superficie de 2,7 millions de m2. 100.000 personnes travaillent dans ce secteur, soit 14% des commerçants inscrits au registre du commerce. La part du marché informel est estimée à 35%». Ce sont là les chiffres avancés par le Conseil national économique et social (Cnes) dans son rapport établi en plénière et qui concernent le commerce informel. A vrai dire, ce phénomène dépasse de loin ces chiffres. Toutes les wilayas et les bourgades du pays sont touchées. Néanmoins, 60% des marchés informels recensés sont concentrés dans 12 wilayas. On cite entre autres, Alger, Tizi-Ouzou, Jijel, Béjaïa, Ouargla, Boumerdès... Malgré la sonnette d'alarme tirée depuis longtemps par les commerçants activant dans les diverses wilayas, ce phénomène demeure toujours présent. C'est ainsi qu'à Tizi-Ouzou et suite aux événements qui ont endeuillé la Kabylie, le marché informel s'exerce au grand jour et devant, même l'oeil impuissant, des autorités. Ce en dépit des plaintes des commerçants qui n'arrivent plus à écouler leurs marchandises suite à la concurrence déloyale dont ont fait preuve les vétérans du marché noir. Ce casse-tête chinois ne concerne pas uniquement cette région du pays. A Sétif, au niveau du marché du gros d'El Alma, appelé communément «le marché de Dubaï». A Alger, au niveau du marché d'El Hamiz. Dans ces villes, des quantités impressionnantes de marchandises s'écoulent comme des friandises. Ces produits sont, pour la plupart, venus des pays étrangers, notamment européens. Certains parlent de cercles «occultes» et bien protégés que nul ne peut éliminer. D'ailleurs, même la direction générale des douanes reconnaît son impuissance devant cet état de fait. Pourtant, avoue-t-on du côté de cette institution, plusieurs enquêtes ont été diligentées pour arriver à la base, qui est à l'origine du marché parallèle, dont le coût pour le Trésor public se chiffre en milliards. Mais ces enquêtes ne suivent pas leur cours, vu les embûches rencontrées. D'autre part, le marché informel concerne aussi la falsification des registres du commerce. En effet, des pratiques frauduleuses comme le trafic de procurations de registres du commerce, les prête-noms et autres manières de verser dans la contrefaçon, sont devenues monnaie courante chez nous. Cela malgré les mesures de facilitation de l'obtention des registres du commerce élaborées par le Centre national du registre du commerce (Cnrc). En 2003 et selon le directeur de recherche et de vérification à la direction générale des impôts, M.Mohamed Saïdani, «5000 procurations de RC falsifiée ont été recensées par les autorités dans les 12 principales wilayas concernées par le marché informel». Le rapport du Cnes parle de quelque 200.000 registres du commerce qui ne sont pas conformes. Pour M. Saïdani, «seule la coordination entre le ministère du Commerce, le Cnrc, l'institution judiciaire, les services de sécurité...peuvent minimiser la capacité de nuisance du commerce informel». Ainsi, devant l'insuffisance d'harmonisation entre les secteurs concernés, l'absence des facturations des marchandises, le non-recours aux circuits bancaires...ainsi que tant d'autres carences, le marché informel ne fera que porter, de plus belle, d'autres coups plus durs encore à l'économie nationale.