Elles sont venues confirmer certaines informations qui avaient circulé à l'époque (1995-1998) à propos du GIA Ouest : Djamel Zitouni et Antar Zouabri avaient utilisé cette région du pays pour «booster» leurs rangs et s'approvisionner en armes. Djamel Zitouni de son vivant avait installé Kada Benchiha, le coiffeur de Sfisef, comme émir de la région Ouest. Il avait, par cette intronisation, gagné la soumission des vétérans du MEI ou ceux appelés à l'époque les «Bouyalistes». La région avait fonctionné selon le schéma d'organisation défini par la direction de Djamel Zitouni. Des armes et des éléments étaient, à l'époque, destinés aux groupes de la région Centre. Certains terroristes blessés lors d'opérations des forces de l'ANP ont été soignés dans un hôpital de campagne détruit au cours d'un ratissage mené à djebel Stamboul dans la wilaya de Mascara. Mais avec la mort de Zitouni et l'intronisation de Antar Zouabri à la tête de l'organisation terroriste, les choses allaient complètement changées. Zouabri voulait installer ses hommes à la tête des régions. Il voyait mal les anciens «Bouyalistes» à la tête d'une région aussi sensible et stratégique que l'Ouest qui, outre sa position géographique et sa proximité des frontières avec le Maroc, ne lui était pas totalement acquise puisque l'AIS dissoute contrôlait de vastes zones entre Relizane, Tissemsilt et Aïn Defla. Cette situation le poussera à provoquer une dissidence à l'Ouest. Au cours d'une réunion tenue à Tala Aacha, il installera Mustapha El Akkal émir régional et confiera la mission de Dabet Charii à Kada Benchiha. Cette décision ne sera pas du goût de ce dernier qui verra en elle une façon de l'exclure du partage du fruit des razzias et des produits des ventes d'armes. Le GIA de l'Ouest bouclait l'année 1996 avec une direction bicéphale et une guerre de position entre les partisans de Benchiha et ceux d'El-Akkal. Ce dernier, sur ordre de Zouabri, fera mouvement vers l'Ouest pour s'installer dans les monts de l'Ourit et Djebel Asfour qui surplombe la ligne des frontières. En optant pour cette stratégie, Zouabri voulait installer ses hommes dans les zones de passage de tous les trafics: armes, drogue, voitures, etc. Ayant eu vent des desseins de la nouvelle direction du GIA, Benchiha entrera alors en guerre contre les éléments acquis à El Akkal et qui sont, pour la plupart, de nouvelles recrues encadrées par des vétérans d'Afghanistan. Les régions de Ben Badis, Saïda, Mascara, Telagh et le nord-est de la wilaya de Tlemcen furent le théâtre de batailles rangées entre les éléments des deux camps. Voyant que la tournure des événements lui échappait, Zouabri tentera alors de peser de tout son poids pour se réapproprier le contrôle des groupes de l'Ouest. C'était en 1997. Il se déplacera avec sa garde prétorienne à l'Ouest pour rencontrer les 2 émirs ennemis et réorganiser les rangs du GIA. La rencontre devait se tenir non loin de Bouhanifia, (certaines sources avancent Djebel Stamboul comme lieu de la réunion). Kada Benchiha, qui avait quelques jours auparavant liquidé des membres de sa famille, se déplacera avec la ferme intention de régler son contentieux avec Mustapha El Akkal qui n'a pas pu quitter sa cache soumise, ce jour-là, à un pilonnage de forces de l'ANP. Il sera d'ailleurs éliminé par les forces combinées de l'ANP au cours de cette opération. Zouabri tentera de faire revenir Kada Benchiha à de meilleurs sentiments, mais sans succès. Avant de quitter le lieu de la réunion, il ordonne à ses hommes de liquider Benchiha et ses hommes de confiance. En 1997, en faisant sa virée à l'Ouest, Zouabri n'a pas réunifié les rangs du GIA, bien au contraire, il a participé à l'éclatement de son organisation terroriste. Benchiha éliminé par ses pairs et El Akkal tué au cours d'un ratissage, il ne restait plus à Zouabri et à son organisation qu'à rentrer à Tala Aacha et y subir les grandes opérations de l'ANP menées à Chréa et Ouled Allal non loin de Sidi Moussa. Les émirs qui succéderont à Benchiha et El Akkal seront réfractaires aux ordres du successeur de Djamel Zitouni. L'Ouest a consommé en 1997 la rupture avec la direction du GIA centre. Les groupes nés depuis ne répondent à aucune stratégie subversive nationale. Les opérations de rackets, les faux barrages, les massacres contre les citoyens répondent à une logique de banditisme et de criminalité ordinaire, décidée par l'émir de la séri ou de la katiba pour assurer la survie de ses hommes ou pour punir ceux qu'ils considèrent comme traîtres et apostats.