La commission ad hoc sur le dossier des disparus travaille d'arrache-pied pour remettre ses conclusions au président de la République, au plus tard le mois de mars 2005. Ainsi, le président de la Commission, Farouk Ksentini, joint hier par téléphone, déclare qu'il a récemment entendu le ministre de l'Intérieur qui a donné sa version sur cette question complexe et douloureuse. Sans vouloir dévoiler le contenu de cette rencontre, Ksentini affirme que la commission a consigné dans son rapport, les déclarations de Zerhouni. Sur le même volet, le président de la Commission ajoute que plusieurs personnalités ayant un rapport avec le problème des disparus, comme Louisa Hanoune et Redha Malek, ont été entendues ces derniers jours. Se voulant serein et confiant, Ksentini souligne que la commission est déterminée à aller jusqu'au bout de sa mission. Toutefois, précise-t-il, la commission qu'il préside n'est pas une commission d'enquête mais de réflexion. Il promet de faire toute la lumière sur la question des disparus et de définir les responsabilités quel que soit leur niveau. Sur ce point précis, Ksentini avoue avoir entendu toutes les parties concernées par cette tragédie. Selon notre interlocuteur, 7250 cas de disparus ont été recensés jusqu'à présent. Un chiffre proche de celui avancé par l'association SOS disparus qui avance 7200 cas alors que le ministère de l'Intérieur indique 4325 cas. On comprend, donc, que le premier écueil qui peut freiner le travail de la commission est celui, justement, de définir le nombre exact de disparus. Sur la manière de procéder à l'identification des charniers repérés dans certaines régions du pays, Ksentini précise que seuls les moyens modernes peuvent être efficaces. Ainsi, les analyses de l'ADN sont inévitables pour aboutir à des résultats fiables. Le président de la commission affirme, dans ce sens, que plusieurs ONG ont montré leur disponibilité à aider la commission dans ses investigations. L'autre aspect de la mission de la commission consiste à définir les responsabilités dans les enlèvements recensés. Ainsi, Ksentini dira que sa commission traite les deux catégories des disparus, il faut comprendre par là, ceux enlevés par les éléments des services de sécurité et ceux enlevés par les terroristes. Sur ces derniers, Ksentini souligne que les témoignages des repentis pourraient être d'un apport intéressant pour que la Commission arrive à des conclusions. D'après notre source, 5000 cas de disparus sont le fait des services de sécurité, un chiffre établi sur la base des indications des parents des disparus. En tout cas, Ksentini déclare que la commission qu'il préside est une commission présidentielle et que sa mission s'achèvera en mars 2005. Les milliers de familles de disparus attendent, abattus, les décisions adéquates pour au moins faire le deuil de leurs fils. La réconciliation nationale et les droits de l'homme, sans une prise en charge effective du dossier des disparus, ne seront que profession de foi.