Le Collectif des familles des disparus en Algérie (CFDA), l'Association des familles des disparus (ANFD) et SOS Disparus réclament, haut et fort, la publication du rapport de Mustapha Farouk Ksentini sur les disparitions forcées opérées par des agents des services de sécurité. Rapport qui a été remis aux mains propres du président Abdelaziz Bouteflika le 31 mars dernier. Les associations des familles, est-il indiqué dans un communiqué commun, n'entendent pas ici « réclamer une faveur », mais « exigent un droit ; celui de connaître les solutions qui seront proposées aux milliers de mères et de femmes dont les proches ont été lâchement enlevés par des agents de l'Etat ». « Les familles, insiste-t-on encore, ont le droit, aujourd'hui, de prendre connaissance du contenu d'un rapport qui pourrait décider de leur avenir. » Elles déplorent, à l'occasion, de n'avoir pas été associées à l'élaboration de ce document qui semble frappé de confidentialité. La raison ? Ksentini a expliqué, dans l'une de ses récentes sorties médiatiques, qu'il s'agit d'« une commande du chef de l'Etat ». Il est, donc, le seul qui est habilité à le rendre public. Dans le communiqué commun, il est aussi précisé que depuis l'installation de ce mécanisme ad hoc par décret « jamais aucun de ses membres n'est allé à la rencontre des différentes associations de défense de ces familles ni même sollicité leur expertise dans ce domaine ». Les trois associations ont attesté : « En ses 18 mois d'existence, la commission de Ksentini s'est contentée de convoquer les familles durant 2 mois pour obtenir leur accord sur une hypothétique indemnisation, ne permettant l'assistance d'aucune personne extérieure : famille, avocat ou représentant des familles. » Deux mois se sont, en effet, déjà écoulés et rien n'a filtré sur le contenu de ce document qui se trouve toujours entre les mains du premier magistrat du pays. Travail recommandé par le président de la République en mettant sur pied, en 2002, la commission ad hoc, le rapport devrait servir de base de toute décision venant du plus haut niveau pour clore le dossier des disparus. Face à ce silence, les associations de défense craignent de voir leurs droits à la vérité et à la justice disparaître avec la mise en œuvre du projet d'amnistie générale. Craintes attisées par les dernières déclarations de Ksentini selon lesquelles les agents de l'Etat responsables des 6446 disparitions devraient bénéficier de l'amnistie.