L'Etat, qui a jusque-là échoué dans sa mission, doit intervenir et faire preuve de beaucoup d'imagination pour éviter la catastrophe La situation devient ainsi inquiétante pour les Mozabites qui ont enterré près de 10 des leurs depuis le début des hostilités. Depuis plusieurs mois, la wilaya de Ghardaïa connaît des troubles et des échauffourées récurrentes entre les communautés mozabite et arabe. La tension est revenue après la mort d'un jeune Mozabite au premier jour du mois de Ramadhan. Avant-hier, les représentants de la société civile de la communauté mozabite ont organisé une manifestation d'envergure à Ghardaïa et un rassemblement de soutien à Alger. La situation devient ainsi inquiétante pour les Mozabites qui ont enterré près de 10 des leurs, depuis le début des hostilités. Accusant les services de sécurité de complicité, ils craignent et ils le disent, qu'ils soient victimes d'«attaques racistes». De ce fait, ils exigent de l'Etat d'assumer sa responsabilité, en les protégeant par l'assurance de la sécurité, tout en exigeant une solution définitive au conflit qui leur permet de vivre dans la paix. Mais attention au brasier mozabite. Le risque est franchement réel pour un embrasement sans lendemains, et qui surtout focalisera tous les regards de la communauté internationale. L'Etat, qui a jusque-là échoué dans sa mission, doit intervenir et faire preuve de beaucoup d'imagination, pour éviter la catastrophe à cette minorité, connue pour ses traditions et sa solidarité légendaire qui ont traversé les siècles. Toute les tentatives de régler la crise n'ont pas abouti. Les responsables, y compris le ministre de l'Intérieur Tayeb Belaïz et le Premier ministre Abdelmalekk Sellal se félicitent à chaque fois que la tempête passe, évoquant une amélioration sensible de la situation. Or, à chaque fois, le vent re-souffle encore plus fort, emportant ces assurances. Le Premier ministre a organisé trois rencontres avec les représentants des deux communautés, depuis le début de l'année. Comme un pompier, il se dirige vers le feu à chaque fois que la fumée se fait sentir. Il absorbe la fumée, mais le feu demeure avant de se déclarer quelques semaines plus tard. Le 2 janvier 2014, dans une tentative de médiation, il a reçu à Alger 24 personnes représentant les deux communautés. Des mesures ont été prises et des assurances ont été faites, mais le résultat escompté est loin d'être réalisé. Onze jours plus tard, soit le13 janvier, M. Sellal se rend à Ghardaïa et préside, dans le même esprit de recherche de réconciliation entre Mozabites et Arabes, la célébration officielle du Mawlid-Ennabaoui (naissance du prophète Mohammed Qsssl). La trêve n'a pas trop duré. Des évènements violents ont survenu. La situation était très critique pendant la campagne électorale pour l'élection présidentielle du 17 avril 2014. Abdelmalek Sellal, alors directeur de campagne du candidat Bouteflika, y revient le 9 avril et constate personnellement, la gravité de la situation. Sa tournée électorale était sous haute tension. Il promet de revenir après la présidentielle pour trouver une solution définitive au problème. Comme promis, il fut le hôte de Ghardaïa le 14 juin dernier. Il y rencontra les notables, les élus et les représentants de la société civile ghardaouis, en présence du ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur, Tayeb Belaïz, du ministre de la Justice, garde des Sceaux, Tayeb Louh et le commandant de la 4e Région militaire, le général-major, Chérif Abderrezak. A ses interlocuteurs, M.Sellal a assuré que l'Etat continuera d'emprunter la voie du dialogue, de la concertation permanente et de la réconciliation nationale. Il a affirmé aussi que l'Etat appliquera les lois de la République dans leur rigueur pour protéger les vies et les biens, précisant que les services de sécurité poursuivront l'accomplissement de leurs missions pour que règnent la quiétude et la sécurité. Pour sa part, M.Belaïz a fait état d'indices d'une sortie «imminente» et «définitive» de la situation vécue à Ghardaïa. Sauf que deux semaines plus tard, la situation dégénère encore suite à la mort d'un jeune Mozabite au premier jour du Ramadhan. Les Mozabites qui soupçonnent que la crise de leur wilaya soit le reflet d'une crise au sein du pouvoir, réclament la constitution d'une commission d'enquête neutre sur les événements de Ghardaïa, l'application de la loi dans toute sa rigueur, contre les coupables et la prise de mesures nécessaires, en lançant des poursuites judiciaires pour déterminer les responsabilités et les responsables des crimes et le renvoi des responsables qui ont échoué à régler la crise. L'Etat est devant sa responsabilité.