M.Belkhadem a vidé son sac, accusant Saâdani et son équipe d'illégitimité et de détournement du FLN. L'ex-secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem, n'est pas près d'oublier sa mésaventure lors de la session du comité central du 24 juin dernier. Empêché d'assister aux travaux en compagnie de ses partisans, il tient rancune à son successeur, Amar Saâdani. Invité au plateau de la chaîne El Bilad TV, M.Belkhadem a vidé son sac, accusant Saâdani et son équipe d'illégitimité et de détournement du FLN comme on détourne un avion. Mais il a aussi confirmé des informations difficiles à vérifier jusque-là. Abdelaziz Belkhadem, ministre d'Etat, conseiller personnel du président de la République, a ainsi confirmé la réunion qui a eu lieu avant la tenue de la session du comité central du 24 juin où la question organique du parti a été abordée. Cette réunion a regroupé le président Bouteflika, le général Toufik, le directeur de cabinet de la Présidence, Ahmed Ouyahia, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal et Belkhadem. Il confirme également que Bouteflika a donné l'instruction d'inscrire à l'ordre du jour de la session du comité central le vote d'un nouveau secrétaire général et de permettre à tous les membres, y compris ceux suspendus, d'y assister. Mais en se présentant le 24 juin au matin à l'hôtel El Aurassi d'Alger, Belkhadem découvre que l'instruction de Bouteflika est sans valeur: le vote n'est pas inscrit à l'ordre du jour et les membres suspendus sont interdits d'assister aux travaux. Lui-même, en tentant de faire rentrer ses partisans, a été empêché d'accéder à la salle où se tenait la réunion. «Notre empêchement a été planifié», a-t-il dénoncé sur El Bilad TV, ajoutant que la commission de discipline n'a pris aucune décision concernant les membres suspendus. Selon lui, «ni Belkhadem ni les opposants à la ligne de la direction nationale n'étaient les bienvenus». Précisant que 82 membres du comité central ont été empêchés d'assister à la réunion, M.Belkhadem a indiqué que Amar Saâdani s'est réuni avec des gens qui n'ont rien à voir avec le comité central. Il affirme qu'il connaît ceux qui les ont ramenés de certaines wilayas (il cite Tébessa, Médéa, Tipasa) et ceux qui les ont pris en charge à El Aurassi. Il ajoute qu'il connaît aussi les gens qui ont donné l'argent pour recruter les agents qui ont empêché les membres du comité central d'assister aux travaux. Ce que Belkhadem ne dit pas c'est comment et surtout pourquoi une instruction de Bouteflika, derrière le soutien de qui tout le monde se cache, n'a pas été appliquée. Alors, soit le décideur est plus puissant que Bouteflika, soit celui-ci a changé d'avis après la réunion avec le général Toufik, Sellal, Ouyahia et Belkhadem. En tout cas, Abdelaziz Belkhadem a profité de son passage à El Bilad TV pour répondre à certains reproches qui lui sont faits. Le premier est fait par Saâdani qui a indiqué que Belkhadem, consulté sur sa candidature au poste de secrétaire général, a voté pour lui lors de la réunion du 29 août 2013. Belkhadem précise que Saâdani lui a rendu visite pour lui dire: «On m'a demandé (de me porter candidat).» A sa question de savoir qui lui a demandé ça, s'il s'agissait de Bouteflika ou d'un autre responsable, Saâdani n'a pas répondu, selon toujours Belkhadem. Ce dernier réfute, en outre, l'idée selon laquelle il veut récupérer le FLN pour l'utiliser à l'occasion de la prochaine élection présidentielle. «Il y a juste trois mois que la présidentielle du 17 avril a eu lieu», a-t-il argué, défiant Amar Saâdani d'accepter de recourir à l'urne pour se faire renouveler la confiance. Accusé d'avoir placé les affairistes dans les rouages du FLN, Belkhadem n'a pas hésité à dénoncer le mariage de la politique avec l'argent. Il a déploré, en outre, le dernier communiqué du FLN où le parti a soutenu la participation des soldats algériens à la cérémonie du centenaire de la Première Guerre mondiale à Paris. Remarquant que le communiqué ne porte aucune signature (ni celle du secrétaire général ni celle du bureau politique), Belkhadem s'est dit contre la participation au défilé militaire. Il ne s'oppose toutefois pas à la participation dans la même forme que les autres invités.