Les professionnels du théâtre et les chorégraphes ont esquissé, dans la soirée de lundi dernier, à la Bibliothèque nationale d'Alger, un plan d'action pour redonner aux arts de la scène la place et le dynamisme qui étaient les leurs il y a peine quelques décennies. Les grandes lignes de ce plan de redressement ont été tracées par les professionnels des planches, venus en nombre, participer à leur tour, aux consultations approfondies que le ministère de la Culture a lancé à la veille de la tenue prochaine de conférences nationales, prévues par discipline artistique, afin d'aboutir à l'élaboration d'une politique culturelle basée sur l'implication directe des concernés. Les nombreuses propositions émises par les spécialistes du théâtre et de la chorégraphie qui ont répondu lundi dernier à l'invitation de Mme Labidi Nadia, ministre de la Culture découlent de l'état des lieux peu reluisant établi par l'ensemble des intervenants du secteur. «La médiocrité» et «la régression» qui caractérisent aujourd'hui les arts de la scène ont entraîné une désaffection du public algérien, si «friand autrefois du théâtre de Alloula, Kaki ou Azzedine Medjoubi» se sont accordé à souligner les artistes. «Le théâtre algérien, d'essence populaire s'est vidé de son contenu, le public en mal d'identification ne se reconnaît plus dans ce qui se joue.» a expliqué le comédien Abdelhamid Rabia. Cette absence du «texte» théâtral créatif et pertinent qui a entraîné l'absence du public, a été mise en exergue par l'assistance comme par la ministre de la Culture qui s'est demandé «comment mettre la complexité de la vie sur scène?» mais également «comment amener le théâtre à l'école, à l'usine, à l'université?» Ce marasme a été lié au manque de formation qui caractérise toutes les étapes de la création de l'écriture à la mise en scène. L'absence de formation concerne également les métiers de costumier, maquilleur, constructeur de décors, a-t-il été indiqué. «Il y a pourtant en Algérie des potentialités extraordinaires» a souligné le dramaturge Slimane Benaïssa pour lequel «la barre doit de nouveau être orientée vers la culture nationale». Revisiter le cadre juridique des professions de la scène pour que les professionnels sortent du statut précaire qui est le leur, créer un terrain favorable pour l'éclosion de toutes les possibilités, redonner confiance au Théâtre national, au lieu de faire «systématiquement appel aux artistes étrangers à l'occasion des fêtes nationales», et instaurer une transparence dans les fonctionnements du théâtre a été, notamment proposé par l'assistance. Développer le théâtre de proximité par la dynamisation des compagnies théâtrales ou encore en créant des Agences de soutien à l'emploi des jeunes (Ansej) de la culture sont quelques unes des nombreuses propositions émises lors du débat très riche qui s'est instauré entre les professionnels de la scène et la ministre de la Culture. Les problèmes vécus par les chorégraphes, «parents pauvres» du secteur de la culture ont été longuement exposés et débattus lors de cette 4e rencontre qui précède celle du ministère et des musiciens qui clôturera ce premier cycle de débats entre le ministère et les artistes, jeudi prochain.