Cette rencontre organisée à la bibliothèque national d'El Hamma a été une opportunité pour la ministre afin de réitérer son engagement à redresser la situation qui est celle de l'activité artistique sous ses différents aspects. Elle a de nouveau appelé les concernés à la collaboration. La programmation de ces rencontres par discipline prélude à la tenue prochaine de la conférence nationale prévue en septembre prochain. La ministre, avant de donner la parole aux artistes, a évoqué la gloire du théâtre national, de ses dramaturges et des chorégraphes qui raflaient les premiers prix dans les rendez-vous internationaux. Elle rappellera le travail exceptionnel réalisé par le théâtre régional de Bejaia, celui de Sidi Bel-Abbès et de Sétif. « J'admire votre travail ! », s'exclamera-t-elle. Elle s'interrogera aussi sur les raisons de la baisse de la production théâtrale et la désaffection du public pour le cinéma et le théâtre. Les professionnels du théâtre ont à leur tour évoqué l'état des lieux marqué par la médiocrité et la régression de la qualité et émis des propositions. Mohamed Cherchali, comédien, a souligné : « De nos jours, le théâtre algérien est caractérisé par la faiblesse technique due à plusieurs facteurs dont la violation de l'éthique et le non-respect des normes de l'activité théâtrale ». « Quiconque peut écrire ou produire, au point où il est devenu très facile de monter une pièce théâtrale et de la jouer sur les planches du TNA », s'est-il écrié. L'autre point soulevé est relatif à la formation. « Elle est primordiale et difficile à assurer en l'absence de formateurs professionnels et d'un encadrement de qualité qu'il faut renforcer, s'il le faut, par des étrangers », affirmera le comédien. Le directeur du TR de Bejaia, Omar Fetmouche, a, pour sa part, appelé « à l'organisation des assises nationales sur le théâtre ». Il a plaidé également pour le théâtre de proximité. « J'ai assisté dans un village à une représentation théâtrale où près de 7000 personnes étaient présentes ». Selon lui, « il est donc opportun de favoriser ce genre de spectacle avec notamment la création de salles de spectacle qui n'exigent pas une enveloppe budgétaire importante et la dynamisation des compagnies ». Développer le théâtre de proximité par la dynamisation des compagnies théâtrales ou encore en créant des Agences de soutien à l'emploi des jeunes (Ansej) de la culture sont quelques-unes des nombreuses propositions émises lors du débat très riche qui s'est instauré entre les professionnels de la scène et la ministre de la Culture. Un marasme qui dure Pour le comédien Abdelhamid Rabia, « le théâtre algérien s'est vidé de son contenu, le public, en mal d'identification, ne se reconnaît plus dans ce qui se joue et, donc, demeure absent lors des présentations ». Il évoquera, en outre, les conditions sociales dans lesquelles se retrouve le comédien du théâtre puisque la retraite est calquée sur le SNMG perçu depuis l'entame de l'activité. Dans ce contexte, l'intervenant propose d'« aligner (nos) salaires sur ceux des acteurs de la radio ». Le marasme dans lequel se retrouve le théâtre national est pour le réalisateur Slimane Benaïssa « un problème d'un ministère qui a occulté la culture nationale et s'est tourné vers l'étranger ». « Il faut réorienter la politique vers l'intérieur du pays. Comme il faut restituer le cadre juridique et aider les acteurs à vivre dignement et non de façon aléatoire », dira-t-il. Slimane Benaïssa a également relevé l'absence de formation qui touche l'ensemble des métiers de l'art théâtral bien qu'« il existe des gens pleins de volonté et d'enthousiasme et qui ne demandent qu'un encadrement ». Evoquant le dossier du ballet et de la danse, les participants, en majorité des chorégraphes, ont soulevé le problème de la formation depuis la fermeture de l'INADC de Bordj El Kiffan. Mme Namous, directrice du Ballet, avoue que « le travail effectué oscille entre professionnalisme et amateurisme ». Le souci est partagé par Ibrahim Bahloul et Dalila Hamoudi, des chorégraphes, qui proposent la création d'un festival de la danse nationale. L'ensemble des intervenants ont salué cette initiative et ont exprimé leur soutien à la démarche du ministère. Cette quatrième rencontre précède une autre qui aura lieu demain avec les musiciens.