L'Union européenne a pris hier une série de sanctions contre la Russie en rapport avec la crise en Ukraine L'UE a ajouté 15 personnes et 18 entités à sa liste noire parue hier au Journal officiel, qui comprend désormais 87 personnes et 20 entités visées par un gel des avoirs et une interdiction de voyager. Décidés à durcir le ton face à la Russie après le drame du MH17, l'Union européenne a sanctionné hier les chefs des services de renseignement pour leur implication dans la crise ukrainienne, et devrait passer à la vitesse supérieure en prenant pour la première fois des sanctions économiques d'envergure. Moscou a immédiatement accusé l'UE de mettre «en danger la coopération internationale dans le domaine de la sécurité». «L'élargissement de la liste des sanctions est un témoignage direct du choix des pays de l'UE de revenir sur la coopération avec la Russie en matière de sécurité internationale et régionale», a réagi le ministère des Affaires étrangères. L'UE a ajouté 15 personnes et 18 entités à sa liste noire parue hier au Journal officiel, qui comprend désormais 87 personnes et 20 entités visées par un gel des avoirs et une interdiction de voyager. Y figurent le chef du Service fédéral de sécurité (FSB), Nikolaï Bortnikov, le chef des services de renseignement extérieur, Mikhaïl Fradkov, ainsi que le président tchétchène Ramzan Kadyrov. Le secrétaire du Conseil de sécurité russe, Nikolaï Patrouchev, ancien chef du FSB, figure également dans cette nouvelle liste. Les responsables du Conseil de sécurité russe, dont font partie MM.Bortnikov et Fradkov, sont mis en cause pour avoir «contribué à l'élaboration de la politique du gouvernement russe menaçant l'intégrité territoriale, la souveraineté et l'indépendance de l'Ukraine». M.Kadyrov a lui «fait des déclarations en faveur de l'annexion illégale de la Crimée et en faveur de l'insurrection armée en Ukraine». L'UE ne devrait pas s'arrêter là en adoptant la semaine prochaine le même type de sanctions contre des personnes accusées de «soutenir activement l'annexion de la Crimée» ou la «déstabilisation de l'est de l'Ukraine», ou d'en «bénéficier». Cette nouvelle liste, qui devrait être finalisée mardi, pourrait toucher des oligarques proches du président Vladimir Poutine, selon des diplomates. Mais les 28 sont surtout prêts à prendre dès la semaine prochaine des sanctions économiques d'envergure, concernant l'accès aux marchés financiers, les ventes d'armes, les technologies sensibles dans le domaine de l'énergie et des biens à double usage militaire et civil. L'UE a durci sa position depuis le crash le 17 juillet d'un avion malaisien dans l'est de l'Ukraine, attribué à un tir de missile par les séparatistes russophones. Ce drame, qui a coûté la vie à 298 personnes dont près de 200 Néerlandais, a décidé les Européens à frapper l'économie russe, alors qu'ils étaient depuis des mois divisés à ce sujet. La Commission européenne a adopté vendredi les propositions législatives permettant de mettre en place de telles mesures. «La décision finale revient maintenant aux Etats membres», a souligné le président de la Commission José Manuel Barroso, tout en jugeant le paquet proposé, «efficace, bien ciblé et équilibré». Le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, a de son côté écrit aux dirigeants européens pour défendre une décision «qui aurait des conséquences importantes sur l'économie russe et affecterait modérément les économies européennes». Ainsi le principe de non-rétroactivité dans le domaine de la défense s'appliquera, ce qui soulage la France mise sous pression par certains de ses partenaires pour la vente de navires militaires Mistral à la Russie. Quant aux «technologies sensibles», elles ne concerneront que le secteur pétrolier et non gazier, «afin de garantir la sécurité énergétique de l'UE», a précisé M.Van Rompuy. Mardi, les ambassadeurs des 28 se réunissent de nouveau à Bruxelles pour se prononcer sur ce paquet. Un sommet des chefs d'Etat ou de gouvernement pour donner le feu vert à ces sanctions économiques n'est pas à exclure, même si l'option qui semble favorisée est celle d'une «procédure écrite», évitant de faire déplacer à Bruxelles les 28 dirigeants de l'UE.