Malgré l'interdiction et les mises en garde, plusieurs milliers de personnes participaient hier dans le centre de Paris à un rassemblement pro-palestinien, une semaine après de violents débordements lors de précédentes manifestations interdites. La justice française a confirmé à la mi-journée l'interdiction de la manifestation décidée par la préfecture de police, qui invoquait des risques de troubles à l'ordre public. Peu après, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve appelait solennellement les organisateurs à renoncer à leur initiative, avertissant qu'ils seraient tenus pour «responsables d'éventuels débordements (...) et passibles de sanctions pénales». Mais vers 16h00 (14h00 GMT), selon des estimations provisoires, quelque 5000 personnes se pressaient place de la République, lieu initialement prévu pour le départ de la manifestation interdite, sans toutefois chercher à défiler. La place était bouclée par un important dispositif des forces de l'ordre. Au total, environ 2000 policiers et gendarmes ont été mobilisés dans la capitale. La foule agitait des drapeaux palestiniens et bannières rouges du Nouveau parti anticapitaliste (NPA, extrême gauche), qui avait appelé à braver l'interdiction. «Israël hors de Palestine, il est fini le temps des colonies», «Israël assassin, Hollande complice», «Israël, casse-toi, la Palestine n'est pas à toi», «Nous sommes tous des Palestiniens,» scandaient les manifestants. De jeunes hommes hissés sur une colonne ont activé des fumigènes aux couleurs de la Palestine et brûlé un drapeau israélien, sous des applaudissements. Selon des sources policières, les forces de l'ordre ont reçu des «consignes de fermeté» pour intervenir «très rapidement et interpeller» en cas notamment de «slogans ou manifestations antisémites». «Cette manifestation est illégale, mais pour nous elle est plus que légitime. Il s'agit de manifester notre solidarité avec un peuple qui est en train de se faire massacrer», explique Hugo, jeune militant du NPA dont la figure emblématique, Olivier Besancenot, était lui aussi présent sur la place. «Nous voulons défendre notre point de vue, or on ne peut agir pour la Palestine qu'en parlant et en manifestant», assure Sarah 19 ans, autocollant «la Palestine aux Palestiniens» sur le tee-shirt. «Pour nous, tout débordement aujourd'hui sera la faute à l'interdiction par la préfecture de police d'une manifestation qu'on était parfaitement à même d'organiser sereinement», déclarait en fin de matinée Alain Pojolat, membre du NPA. Au moins 10.000 manifestants pro-palestiniens à Londres Quelque 10.000 manifestants selon la police ont défilé hier, à Londres pour demander «la fin du massacre à Ghaza» où l'offensive israélienne déclenchée contre les tirs de roquettes du Hamas a provoqué la mort d'au moins mille Palestiniens. Portant des drapeaux palestiniens et des pancartes appelant à «la fin du siège» de la bande de Ghaza et à la «liberté pour la Palestine», les manifestants se sont rassemblés à la mi-journée devant l'ambassade d'Israël, dans le quartier de Kensington (ouest de Londres). Ils ont ensuite défilé vers la place du Parlement britannique, et sont passés devant Downing Street, où certains ont crié «Honte à toi, David Cameron!». «Israël, Etat terroriste», «Ghaza ne pleure pas, nous ne te laisserons pas mourir», «Allah Akbar» (Dieu est grand), scandaient les participants à ce rassemblement, organisé entre autres par la coalition «Stop the War» et le mouvement anticapitaliste «Occupy London».