Regroupant 1 153 objets classés, le site ne demande qu'à être dépoussiéré. Le musée de la ville de Ténès, installé dans une ancienne poudrière datant de l'époque coloniale sur un promontoire dominant le port et l'arrière-port vers le cap Ténès, est dans un état d'abandon «avancé» et ne demande qu'à être dépoussiéré. Le musée qui possède une collection de 1153 objets et vestiges des différentes civilisations qui ont façonné cette cité, dont la Phénicienne, Carthaginoise, Romaine et Ottomane est tout sauf ce qu'il doit être: un lieu renvoyant à l'histoire d'une ville plusieurs fois millénaire. En effet, pour le personnel de ce musée que nous avons rencontré sur place, la situation est plus que déplorable, «catastrophique» selon les propos de l'un d'entre eux qui a souligné l'absence d'installations adéquates pour la conservation des différentes pièces dont des pièces numismatiques, des pointes de flèches datant de différentes ères géologiques jusqu'à l'ère romaine. Le musée ne possède d'ailleurs pas le matériel d'une telle vocation. Il n'est qu'un semblant de site qui a juste quelques objets mal exposés aux visiteurs. La raison est due selon le personnel, au «laisser-aller dont il est victime de la part de l'APC, de la daïra, ainsi que de la wilaya de Chlef». Une situation d'ailleurs dénoncée par les Ténésiens qui estiment que ce musée devrait être installé ailleurs que dans une ancienne poudrière aux murs humides et froids qui ne présentent guère les conditions requises pour une meilleure conservation des vestiges. En outre, ce musée n'a, jusqu'à présent, pas été classé par le ministère de tutelle, une situation anachronique, car son personnel est pris en charge par ce même ministère qui assure son salaire. D'autre part, un problème de foncier complique les choses. L'APC de Ténès ne veut pas octroyer de terrain pour la construction du musée, ce qui en soi retarde les projets liés au développement de cette structure qui occupe jusqu'à présent une ancienne poudrière. Ni l'APC ni la direction de la culture de la wilaya de Chlef ne se sont mis d'accord pour régler le problème foncier qui, s'il était résolu, permettrait à cette ville d'avoir son propre musée et qui serait également classé. Le personnel a aussi relevé le manque de moyens et d'outils, notamment l'absence de laboratoire. Dans ce sens, on nous a affirmés que «tous les objets trouvés dans la ville de Ténès ne l'ont pas été grâce à des fouilles, mais par accident et surprise». L'APC n'accorde aucune importance à ce musée. «Pendant trois mois l'éclairage extérieur ne fonctionnait pas, on a alerté les services concernés, mais rien n'a été réglé, si ce n'est des promesses en l'air» a signalé un employé. Autre lacune de taille, c'est qu'aucune plaque ou indication n'indique le chemin du musée et ce, depuis l'entrée de la ville. Plusieurs appels ont été faits à l'adresse de l'APC pour régler ce problème, «en vain» selon nos interlocuteurs. Le musée attire chaque année plus de 1000 visiteurs, notamment des étudiants en archéologie qui préparent leur thèse sur place. A ce propos, une employé nous a lancé: «C'est honteux et gravissime de recevoir des étudiants et des délégations dans un musée qui n'a ni commodités ni moyens, même les plus élémentaires». Pour l'anecdote, une statuette a été récemment découverte en mer. Pour lui confectionner une fiche d'inventaire et la répertorier, le musée s'est adressé au chef de daïra pour lui faciliter les démarches, celui-ci, selon un des employés répondra sèchement: «Vous me voyez travailler avec les pierres?». La statuette, confiée au chef de la base navale de la Marine nationale de Ténès connaîtra un meilleur sort, celui-ci maîtrisant les concepts archéologiques et conscient de l'importance de cette découverte, offrira son aide pour l'identification et la confection de la fiche technique de cette statuette qui a été par la suite transférée à Chlef. Pour l'heure, le bras de fer perdure, au grand dam des amateurs d'histoire et d'archéologie.