En sa qualité de directeur du musée régional de Chlef et spécialiste en archéologie, Hassenaoui Mahmoud nous parle des dernières découvertes archéologiques, du riche patrimoine que recèle la région et des dispositions prises pour le sauvegarder. Pourriez-vous nous dresser un bilan sur les dernières découvertes de vestiges historiques dans la wilaya ? La première découverte a eu lieu à El Marsa. Il s'agit de tombes et de sépultures de l'époque Romaine ainsi que de structures des restes de murs, avec une technique de construction bien connue. Après avoir été contactée par les autorités locales, la direction de la Culture nous a ordonné de faire une mission sur les lieux pour établir un constat et prendre les mesures qui s'imposent. Des dispositions ont ainsi été prises et communiquées au président de l'APC pour la protection du site à travers des actions de gardiennage, de signalisation et de mise en place d'une clôture autour des vestiges. L'autre découverte est un site archéologique au douar Kechachda, dans la commune de Bouzeghaia, lequel a été malheureusement dégradé par des travaux de réalisation que nous avons dû d'ailleurs arrêter. Nous avons été informés de l'existence d'autres vestiges à Aïn Merane. Pour ce qui est des ossements découverts au CEM de Haï Salem, au centre-ville de Chlef, il s'agit bel et bien de sépultures romaines qui ont été mises à 50 cm de profondeur. Il n' y a pas de doute là-dessus car en tant que spécialistes, nous n'avançons pas de choses à la légère. Et cette histoire de mosaïques ensevelies à Ténès ? Cela remonte à huit mois, lorsque des mosaïques ont été découvertes lors de travaux à Ténès. Nous-nous sommes déplacés sur les lieux et avons demandé aux élus la procédure à suivre, en attendant l'autorisation du ministère de la Culture pour l'intervention de spécialistes. Malheureusement, nos consignes n'ont pas été suivies par ces derniers et le site archéologique s'est retrouvé enseveli et goudronné, sans subir toutefois de dommages importants. Peut-être qu'un jour nous y retournerons pour faire des travaux de recherches. Y'a –t-il des sites archéologiques classés dan la wilaya ? Il y en a trois pour le moment. Il s'agit d'El Kalaa, une ville romaine d'un kilomètre de longueur et de 300 mètres de largeur, dans la commune de Taougrit. Son nom antique est Timiqui, située sur une crête en pente douce. Elle regorge de remparts, de traces de maisons, de pièces de monnaies et de céramique datant du 4ème siècle. On y trouve également des mosaïques de Saint Réparatus qui sont actuellement déposées au niveau de l'ancien musée de Chlef, auxquelles s'ajoute la mosquée de Sidi Maiza à Ténès. Depuis 2005, nous avons proposé le classement de trois autres monuments, en l'occurrence la muraille et la poudrière de Chlef ainsi que la Casbah du vieux Ténès en tant que secteur sauvegardé. Nos propositions ont été acceptées par la commission nationale et nous attendons leur publication dans le journal officiel. Nous avons également préparé trois autres dossiers de classement concernant des sites archéologiques à Benairia et El Marsa. Vous avez décidé, en outre, de récupérer des vestiges de la région, détenus dans des musées du pays… Oui et c'est grâce à la direction de la Culture et nos collègues à la tête de ces musées que nous avons pu obtenir des prêts et des donations d'objets archéologiques de la wilaya pour leur transfert régional de la ville. Nous avons également engagé une procédure pour récupérer un panneau de mosaïques qui se trouve dans l'ancienne bibliothèque nationale à Alger, près de l'hôtel El Aurassi. Il en est de même pour la cruche de pièces de monnaie exposée au musée de Tipaza. Nous pouvons conclure que la wilaya recèle un véritable trésor archéologique ? Effectivement, c'est une wilaya connue pour la richesse de son patrimoine historique que nous devons protéger et préserver en permanence, car il représente la mémoire de la région. Bien pris en charge, il contribuera sans doute à la valorisation du produit touristique.