Décryptage de tous les enregistrements, rédaction des synthèses et élaboration du rapport final, la tâche n'est pas du tout facile pour la commission Ouyahia. Un mois est déjà bouclé depuis la fin des consultations sur la révision de la Constitution. Le processus est en plein chantier. La mission du directeur de cabinet de la Présidence, Ahmed Ouyahia, est loin d'être achevée. Décryptage de tous les enregistrements, rédaction des synthèses et élaboration du rapport final, la tâche n'est pas du tout facile pour la commission Ouyahia. «C'est un travail énorme», nous confie un proche de Ouyahia qui précise que l'équipe de celui-ci ne doit rien laisser au hasard. Vu que c'est la deuxième consultation après celle de 2011 menée par Abdelkader Bensalah, notre source précise que la commission de Ouyahia est appelée à sortir avec une Constitution plus constante et solide qui renferme toutes les aspirations du peuple algérien et de la classe politique en particulier. Notre source assure que ladite commission va prendre en considération toutes les propositions avancées par les différents participants, pour que le projet soit réellement consensuel. Tout en rappelant qu'une partie de l'opposition n'a pas pris part aux consultations, notre source explique que la commission va mettre l'accent sur le renforcement des libertés individuelles et collectives et consacrer la pratique démocratique pour faire de ce projet une véritable image de changement contrairement à ce que pense l'opposition. Durant ces consultations lancées du 3 juin jusqu'au 8 juillet dernier soit pendant cinq semaines, de nombreuses personnalités et chefs de parti ont défilé à la Présidence. En tout et pour tout, l'ex-Premier ministre a programmé plus de 100 rencontres et accordé 108 entretiens à des chefs de partis politiques, des personnalités nationales et des représentants de la société civile (universitaires et responsables d'associations ou d'organisations nationales) ayant un apport plus consultatif et informatif. Il a même reçu d'anciens chefs du parti islamiste dissous (FIS) et de son bras armé (AIS), présentés comme des «personnalités nationales». Or, l'opposition a décliné en grande partie l'invitation de la présidence de la République. Malgré les appels incessants, lancés par les différents représentants du pouvoir et les garanties avancées, l'opposition est restée immobile. Des membres de la Coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique (RCD, MSP, Ennahda, FJD et Jil Jadid, les Forces du changement) et six personnalités, dont Mouloud Hamrouche, Ali Benflis, Sid-Ahmed Ghozali et Ahmed Taleb Ibrahimi, ont boycotté la démarche, alors que certaines d'entre elles avaient même participé aux consultations politiques de 2011, sans qu'une suite ait été donnée à leurs propositions et recommandations. L'ex-Premier ministre n'a pas réussi à réunir la famille politique. Selon des indiscrétions, le président de la République n'est pas satisfait de la manière dont ont été conduites les consultations pour la révision de la Constitution confiée à Ouyahia. Abdelaziz Bouteflika aurait été «déçu» aussi par le choix des personnalités et des partis politiques qui ont pris part aux rencontres. Pour se rattraper, l'équipe Ouyahia s'investit pleinement dans la rédaction des synthèses des consultations, en traduisant toutes les propositions formulées pour parvenir à une mouture complète et bien enrichie. Il y a lieu de rappeler que les principales revendications concernent la séparation des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire, ainsi que la limitation du nombre de mandats présidentiels à deux et l'officialisation de la langue amazighe. Avec les nouvelles données et la dernière déclaration du secrétaire d'Etat américain, John Kerry qui a appelé les dirigeants africains à respecter l'alternance au pouvoir et éviter le recours abusif à la révision de la Constitution, ladite commission est appelée à élaborer une loi fondamentale qui va durer dans le temps et sera capable de stabiliser le pays. La commission devra remettre son rapport final au président de la République au plus tard en septembre prochain. Le projet fera l'objet d'une commission de hauts responsables de l'Etat qui définiront les grandes lignes de la future Constitution, avant qu'il ne soit transmis au Parlement et probablement soumis à référendum.