Emeutes sans fin à Ferguson, une petite ville du Missouri aux Etats-Unis. Depuis le 9 août dernier, jour où un jeune Américain de 18 ans a été abattu par un policier, la violence s'est installée au point où l'état d'urgence et le couvre-feu ont été décrétés. Gaz lacrymogènes, arrestations, voitures incendiées, scènes de pillage, équipements publics saccagés, policiers et civils blessés, c'est le triste décor qui fait actuellement partie de la vie quotidienne de cette ville américaine. Ce qui n'aurait été, en d'autres circonstances, qu'une bavure policière, a pris une dimension raciale qui ravive de vieux démons au pays de l'Oncle Sam. Le jeune homme était un Noir et le policier qui l'a abattu est un Blanc. Et voilà la ségrégation raciale dont a longtemps souffert l'Amérique qui est remise à l'ordre du jour. On croyait que le racisme contre la population noire des Etats-Unis avait disparu avec le Klu Klux Klan. On croyait que la ségrégation raciale qui séparait les Noirs et les Blancs n'était qu'un mauvais souvenir. On croyait que Martin Luther King aura été la dernière victime de cette bêtise humaine. On y croyait encore plus lorsque, pour la première fois de son histoire, l'Amérique a élu Barack Obama, un Noir, à la Maison-Blanche. On a juste oublié qu'il y a des «experts» pour rouvrir les anciennes blessures sociologiques. Ils choisissent le moment et le lieu les plus propices pour injecter leur poison. Ferguson est une petite ville de l'Etat du Missouri qui compte 21.000 habitants. 20.000 sont des Noirs. Pourtant, la police locale est composée presque totalement de Blancs. C'est un de ces policiers qui a tué le jeune Noir de 18 ans, le 9 août dernier. Les versions des faits diffèrent. Les uns avancent que la jeune victime avait tenté de prendre l'arme du policier. D'autres qu'elle a été abattue les mains en l'air. Ce qui est sûr, c'est que le corps de la victime a été criblé de six balles. Trop de balles ont été tirées pour défendre la thèse de la légitime défense. Le contexte maintenant. L'Etat du Missouri a voté en 2008 pour le républicain John Mc Cain contre Obama. En 2012, ce vote est confirmé en faveur du républicain Mitt Romney toujours contre Obama. Difficile de n'y voir qu'une préférence pour le programme républicain contre celui des démocrates quand dans les deux cas c'est un candidat noir qui n'a pas les faveurs de l'électorat. D'autant que depuis le début du XXème siècle, cet Etat avait toujours ajouté son suffrage au vainqueur national de l'élection présidentielle. En 2008 et en 2012, c'était le cas pour Barack Obama. Ceci ne veut pas dire que le Missouri est resté accroché aux lois Jim Crow du XIXème siècle (remplacement de l'esclavage par la ségrégation raciale). Mais dans une ville peuplée majoritairement de Noirs et dont la police est presque exclusivement composée de Blancs, il est plus facile de manipuler pour réveiller les vieux démons. C'est ce qui, malheureusement, semble être le cas. Au point où le président Obama s'oblige à une extrême prudence dans ses interventions pour tenter de ramener le calme à Ferguson. On est en face de ce que l'on pourrait appeler le «terrorisme psychologique». Pour peu qu'on y prête l'attention nécessaire, on se rend compte que c'est ce type de terrorisme qui a prévalu chez nous, à Ghardaïa. Après des siècles de divisions que les envahisseurs nous ont imposé pour se maintenir dans notre pays, nous avons réussi, le 1er Novembre 1954, à terrasser cette diabolique méthode. Personne ne pensait que la ville dont un des fils, Moufdi Zakaria, qui en plus d'avoir combattu le colonialisme, a donné au pays son hymne national, allait être la cible d'une tentative de retour du vieux poison, le régionalisme. La bêtise humaine. L'incendie a été maîtrisé avec beaucoup d'efforts et de temps. A Ferguson, c'est cette même bêtise qui tente de s'étaler!