Pour un simple encaissement de facture, un navire est parfois contraint de passer quatre jours en rade. Le repos hebdomadaire, jeudi et vendredi, adopté à la place du week-end universel par l'Etat algérien dans les années 70, n'a pas été sans conséquence sur l'économie nationale. Au port de Béjaïa, on ne cache pas sa lassitude devant cette situation persistante et surtout pénalisante. Aussi bien chez les responsables du port, les transitaires, les assurances et autres entreprises en relation avec les pays étrangers, le désir d'en finir avec cette situation est plus que présent. C'est en les écoutant qu'on a pu prendre toute la mesure des dégâts causés à l'économie du pays. M.Moussaoui, directeur adjoint du port de Béjaïa, soutenait, hier, que «ces répercussions touchent principalement nos clients». Le passage du week-end universel à celui de jeudi et vendredi crée un vide qui s'étale sur quatre jours. La semaine réelle comprend trois jours. Lorsque les banques, la justice et les assurances travaillent à l'étranger, chez nous, elles sont au repos et vice-versa. Tout en reconnaissant des répercussions indirectes touchant l'EP Béjaïa, il affirme que «les consignataires et les assureurs subissent l'essentiel des pertes». Pour un simple encaissement de facture, un navire est parfois contraint de passer quatre jours en rade. Trois jours de perdus et très coûteux puisque même en rade, le navire paie une taxe (5000 et 15.000 dollars), un montant variant en fonction du contrat d'affrètement et du volume du navire. Il arrive aussi que pendant que des quais sont libres et que des équipes de travailleurs sont disponibles, les navires restent en rade ne pouvant rejoindre le port en raison des contraintes de programmation. Et c'est là où résident les pertes de l'EPB, explique M.Moussaoui. «Nous subissons des répercussions indirectes en termes économiques, dans le sens où nos équipes n'ont pas de travail.» «En cas de saisie qui interviendrait un vendredi, l'armateur, qui voudrait donner une caution bancaire, ne peut le faire que le lundi», précise encore notre interlocuteur qui reconnaît volontiers une situation assez complexe s'illustrant aussi par d'autres faits anodins. En effet, parfois des quais sont désespérément vides et parallèlement, un encombrement important est constaté au large. Côté assureurs, on n'est pas non plus épargnés par ce phénomène. Mlle Aoumeur, responsable du service transport à la Caar, revient sur le sujet en insistant principalement sur les points qui pénalisent son établissement d'assurance : «Pour la saisie conservatoire d'un navire, l'assureur a besoin d'une ordonnance du procureur.»