Les devises des 300.000 estivants attendus cet été en Algérie, passent par d'autres circuits que les banques nationales. L'argent des ressortissants algériens à l'étranger alimente le secteur informel. Le fait est établi. 3 milliards de dollars circulent librement sans passer par les banques et les autres systèmes de contrôle. Cette somme, effarante, a été révélée par la ministre déléguée auprès du chef du gouvernement, chargée de la communauté nationale à l'étranger, Sakina Messaâdi, jeudi, en marge de la séance plénière du Conseil de la nation. La ministre a indiqué que les ressortissants algériens à l'étranger «ont la possibilité de faire entrer 3 milliards de dollars au pays». Cependant, affirme-t-elle, «la plupart de ces ressortissants préfèrent faire entrer leur argent sous forme de marchandise qui alimentent le secteur informel» Une saignée de plus pour l'économie nationale surtout que le département de Mme Messaâdi n'a pas de données exactes sur la masse d'argent qui circule dans ce secteur. Elle avance que les données en sa possession estiment cette somme à 200 millions de dollars. Or la réalité sur le terrain est tout autre. On est loin du compte, même très loin. La ministre le reconnaît d'ailleurs, quand elle affirme que l'Algérie attend, cet été, plus de 300.000 estivants «ce qui équivaut à quelque 3 milliards de dollars». Des mesures ont été prises pour attirer cet argent sous forme d'investissement dans les secteurs de l'agriculture et de la PME/PMI. «On a doté les chancelleries algériennes à l'étranger d'un ensemble de procédures à même de permettre l'attraction de ces sommes dans le cadre du secteur légal.» Seulement, «la bonne volonté» de la ministre butte sur les problèmes les plus épineux des réformes économiques algériennes : le foncier et la réforme bancaire. «Les principaux problèmes soulevés par les investisseurs sont le foncier et les lourdeurs bancaires» a encore noté Sakina Messaâdi. Lors de sa dernière cession, le Cnes a tiré la sonnette d'alarme. Les membres de l'institution présidée par Mohamed-Salah Mentouri ont souligné «la complaisance de l'Etat quant à la gestion de ce phénomène». Le rapport du Cnes a noté que le marché informel représente 35% du marché national et emploie plus de 100.000 personnes. Des quantités impressionnantes de marchandises sont écoulées chaque jour sous le regard impuissant des autorités. Ces produits sont, pour la plupart, venus des pays étrangers, notamment européens. Certains parlent de cercles «occultes» et bien protégés que nul ne peut éliminer. Le bilan est alarmant et la situation ne cesse de se dégrader à la faveur de conjonctures extrêmement favorables à ce genre d'activités illégales. Ce secteur enregistre une croissance annuelle de 2 % selon le rapport du Cnes. Encore que ce chiffre ne semble être que la face émergée d'un immense iceberg. Les chiffres avancés par le Cnes sont aussi approximatifs. Pour preuve, seuls 68 % des registres de commerce ont accepté de se faire réimmatriculer sur les 626.781 recensés à travers le territoire national.