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Le Gspc s'allie aux groupes armés marocains
EXCLUSIFAU COEUR DU MONDE OBSCUR DU TERRORISME
Publié dans L'Expression le 04 - 07 - 2004

De graves révélations de repentis et de terroristes capturés vivants par les forces de sécurité chargées de la lutte antisubversive ont été faites au cours de ces dernières années.
Les plus sensibles ont été obtenues entre 2002 et 2004. Cela concernait une dangereuse connexion entre le Gspc et deux organisations terroristes marocaines. C'était impossible de les rendre publiques dans les temps pour des raisons sécuritaires nous dit-on. Cependant L'Expression a réussi après de dures et longues investigations à obtenir le maximum.
Dans cette enquête qui nous mène au coeur du monde «obscur» du terrorisme, des sources sécuritaires très au fait du dossier de la bête immonde, nous ont confié comment les terroristes d'El hidjra oua ettakfir, Salafia djihadia et le Gspc ont tenté, puis réussi à organiser des rencontres pour établir une «alliance», afin de poursuivre ce qu'ils appellent le «djihad».
Voilà 24 mois, suite à la reddition d'un terroriste et la capture de quatre autres, tous affiliés au Gspc au lieu-dit Treine dans la wilaya de Saïda, les forces de l'ANP ont pu effectuer de profondes recherches. Les quatre criminels devaient se rencontrer sur les hauteurs de Hammam Boughrara dans la daïra de Maghnia, à un jet de pierre de la frontière marocaine. Selon les renseignements obtenus par les services spéciaux, une rencontre devait regrouper une dizaine de terroristes algériens et marocains. Les aveux des quatre terroristes capturés font état que du côté algérien, un groupe de six éléments qui activaient sous la coupe du sinistre Slim El Afghani (donné pour mort), comprenant le bras droit de Fellouh (HDS), l'émir Zouel de Relizane, Abd El Kader Saouane du groupe commandé par Mohamed Houti et un élément du Gspc dont le nom ne nous a pas été révélé. Du côté marocain, quatre individus devaient prendre part à cette rencontre, selon nos sources, il s'agit d'éléments d'El hidjra oua takfir : Abou Ryad et Abou Hassan et deux de la Djamaâ essalafia : Abou Meriem et Hamoud El Fassi. Les deux groupes devaient négocier la possibilité d'une coopération subversive entre l'Algérie et le Maroc. Sur la base de ces renseignements révélés par les quatre criminels, les forces de la lutte antiterroriste ont réussi à repérer la vieille bâtisse située à 10 km de Hammam Boughrara, au sommet d'une colline dénudée dont l'arrière est constitué d'un ravin boisé. Trois jours durant lesquels les forces de sécurité resteront embusquées et au bout desquels les premiers éléments commencèrent à arriver un par un et après deux heures d'intervalle de 4 heures à 18 heures.
Heureusement que la rencontre, ont estimé nos sources, a avorté car après avoir encerclé la demeure et lancé des sommations à l'intention des deux groupes pour se rendre, les services ont été contraints de donner l'assaut, puisque les sanguinaires ont répondu par des coups de feu.
De précieux renseignements
5 éléments de ces deux groupes ont été neutralisés : quatre Algériens, non fichés et un Marocain qui répond au nom de Abou Ryad d'El-hidjra oua takfir. Cette identification a été possible grâce à la DST marocaine qui semble fournir de précieux renseignements aux services algériens, mais nos sources refusent d'en dire plus. Le reste des deux groupes, ajoutent les mêmes sources, ont réussi à prendre la fuite par le ravin situé derrière la maison. Ce ravin étant boisé, permet même de regagner le territoire marocain en atteignant les monts de Asfour. Quelques mois après cette rencontre qui a été vouée à l'échec, nos sources ont appris que la connexion a été quand même établie, entre le Gspc et l'Organisation salafia djehadia marocaine.
Cela s'est produit, voilà 21 mois, quand une patrouille motorisée des services de sécurité a intercepté un individu suspect au piémont de Djebel Lakhel à Tsabit dans la daïra de K'nadassa, wilaya de Béchar. Il s'agit de S. R. qu fut derechef conduit dans les locaux des services de sécurité et soumis à un interrogatoire.
Il avoue qu'il faisait partie d'une seriat. Composée de 5 terroristes, celle-ci servait d'escorte à une délégation de criminels algériens, qui avait entrepris des contacts avec un groupe terroriste marocain affilié à la Salafia djihadia, proche de l'organisation Aâdl oua islah du cheikh Yacine et de l'organisation d'El hidjra oua takfir.
Selon cet individu, envoyé en éclaireur, la délégation terroriste en question, était composée de Abbi Abdel Azize alias Okacha, le para (finalement abattu par les services de sécurité à Béjaïa au mois de juin dernier), de Saâdoune Abd El Hamid alias Abou Yahia, alias Abou El-Haythemet, de Djoudi Yahi, chef de katibet essouna, une organisation salafiste basée dans le triangle de Sidi Bel-Abbès, Tiaret et Saïda Selon les aveux du terroriste, les trois émirs sont entrés au Maroc via Maghnia à l'extrême Nord-Ouest algérien.
Parvenus à la frontière, les trois criminels ont été pris en charge par un guide marocain, ce dernier les a conduits aux environs de Oujda. De là, ils furent conduits dans un véhicule tout-terrain, au sud-ouest du Tafilet pour atteindre ensuite Djbel Sorgha.
Là et à quelques kilomètres de K'sar Essouk eut lieu la rencontre entre les trois émirs, deux représentants d'El Hidjra oua takfir et la S. D. marocaine : les dénommés Abire Moussa El Marakchi et Abire Nazir Erarchid. Ceux-là étaient accompagnés d'une vingtaine d'éléments, armés de fusils Buch-Master, de AK47 et de PM Uzzi. Nos sources ajoutent que selon les révélations du terroriste, la rencontre avait duré trois jours et concernait une coordination entre les groupes armés des deux pays et l'intensification du mouvement djihadiste.
El-hidjra oua takfir
Il aurait été question d'appui du terrorisme algérien, expérimenté aux terroristes marocains. Il a été question également d'appui logistique aux terroristes algériens et l'aménagement de caches communes. Il s'agit en fait de la cinquième rencontre du genre.
La DCE et la DSI travaillent depuis, d'arrache-pied, sur des pistes pouvant les conduire à mettre un terme à cette dangereuse connexion. Mais nos sources ont refusé de révéler les accords «interservices» algéro-marocains. Cependant, on ne nous cache pas que les services spéciaux algériens ont réussi à établir avec plus ou moins d'exactitude le déploiement des terroristes au Maroc : «Les organisations marocaines travaillent de concert. El hidjra oua takfir se trouve aux maquis. Salafia edjihadia dispose d'appuis, jusque dans le palais royal et s'occupe de l'action terroriste urbaine. Les implantations terroristes se situent surtout de Tanger à Oujda. Leurs principaux fiefs sont à Fès et Meknès dans le Moyen Atlas au nord-ouest à Ksar, Tadla et Béni Mellel, au centre-ouest à Djebel Ouakziz au sud Djebel Bani, situé au Sud-Est marocain. Limitrophe de Hammada et de Tindouf à Tafrarate dans le massif de l'anti-Atlas, à Etfoud dans le Tafilelt, au Centre-Est marocain proche de la frontière algérienne à Figning et Bouaârfa au nord-est du plateau du Rekas près de Hammada en Algérie. Les fiefs les plus dangereux se situent à l'est de Marrakech et Djbel Toubkah au sud-est de la même ville.»
Le complot dangereux, qui se joue à la frontière algéro-marocaine, demande une vigilance de part et d'autre. Depuis 24 mois, des unités des FAR et de la Gendarmerie royale patrouillent en permanence le long de la bande frontalière, côté algérien, le GGF, l'ANP sont à pied d'oeuvre. Il semble même que le palais royal, aurait sollicité l'expérience des services de sécurité algériens. Selon les analyses de nos sources : «Ceci n'est qu'un renvoi d'ascenseur, pour «services rendus», par la monarchie à l'Occident, il est vrai que les groupes terroristes marocains dont beaucoup ont participé aux massacres en Algérie, se montrent moins féroces que les terroristes algériens...Les Afghans arabes, après avoir été chassés par les Bosniaques, ont regagné l'Algérie via le Maroc avec la complicité passive du Maroc officiel. Ce que les autorités marocaines ont ignoré, c'est que la moitié de ces vrais-faux moudjahidine, sont terrés sur leur territoire pour tisser leur toile mortelle. C'est le retour de manivelle et la même bête émerge dangereusement. L'appui d'Al Qaîda, conjugué au soutien des Rifains et les habitants des quartiers pauvres, réduit l'action des services marocains».
Des informations extrêmement graves
Sans réserve, les mêmes sources n'ont pas hésité à dévoiler certains renseignements très sensibles. La DEC a découvert que les islamistes marocains jouissent du soutien de hauts dignitaires du palais royal et d'un nombre important d'officiers des FAR pour la plupart, originaires du Rif. Ceux-là mêmes feraient partie d'une organisation dont l'objectif serait de créer un Etat islamique, dont le roi Mohamed VI serait le calife. Ce qui est du point de vue des services algériens logique, dans la mesure où le monarque alaoui porte le titre d'Emir El Mouminin et descendant d'Ali, gendre du Prophète (Que Le Salut Soit Sur Lui).
L'opération de renseignement entreprise par la DCE aurait pour origine les aveux d'un autre terroriste capturé dans les monts de Asfour en Algérie. Selon nos sources, le congrès des extrémistes du FIS dissous a conforté la DCE dans ses convictions et renforcé le dossier du terrorisme algéro-marocain. Des informateurs dans les rangs de la gendarmerie royale, la DT marocaine et la police nationale ont permis à la DCE d'avoir des informations extrêmement graves. Comme il a été souligné plus haut, un accord entre groupes armés algériens et marocains a été conclu. Une convention a été établie en Belgique, lors d'un congrès du FIS dissous auquel une dizaine d'émirs d'El Hidjra oua takfir et Salafia djihadia auraient participé en tant qu'envoyés d'Al aâdl oua el islah du cheikh Yacine et du PJD de Abd Allah Benkirane. «S'agissant de l'accord passé entre les fils Abassi, D'hina, Kherboure et Kraouche, avec les envoyés des branches armées des partis islamistes, il présente un danger certain et constitue un véritable contrat des familles de la mafia visant à mettre les deux pays à feu et à sang. Après avoir servi de «laboratoire» à feu Hassen II, selon sa propre expression, l'Algérie procède à un transfert technologique pour suivre le même raisonnement».
Selon nos sources, cet état de fait soulève deux problèmes majeurs : «d'abord du point de vue politique, un tel accord, conclu sous l'égide de l'ex-parti, après une ébauche avec le Gspc, signifie que les éléments de l'ex-FIS continuent à activer à l'étranger, par le biais des deux fils d'Abassi et les autres ; du point de vue sécuritaire, les extrémistes marocains vont armer les résidus des groupes armés algériens, qui déclinent toute reddition, implantés à Chlef, Relizane, Médéa, Kabylie, Annaba, Skikda et Jijel. L'attentat d'El Hamma, n'est autre qu'une nouvelle forme de terrorisme, laquelle doit-être prise au sérieux, car on s'attend à d'autres activités du même genre, sachant que plusieurs terroristes algériens se sont récemment réfugiés au Maroc, pour fuir les multiples opérations de traque déclenchées à leur encontre.»
Il convient de souligner, que le terrorisme marocain, dispose de fonds importants fournis par les «wahabites» saoudiens et Al Qaîda, implantés à Kenitra, Tanger, Rabat et Fès.
Les terroristes marocains ont pu recevoir plusieurs cargaisons d'armes en provenance du Pakistan et d'Israël. En plus des armes légères, des FM.
M60, du TNT, du C4 et de la nitroglycérine. D'autres part, l'activisme marocain est international. Dans ce contexte, rappelons que des réseaux ont été appréhendés en Italie par la Digos parmi eux 413 individus étaient chargés de faciliter la circulation internationale. Des arrestations au nombre de 215, parmi lesquelles des policiers et des membres des FAR en 2002. Enfin, nos sources soulignent : «Sur la base de ces renseignements et d'autres, récemment établis, devant rester secrets, corroborés, par d'autres auprès des services spéciaux, à titre de réciprocité, les autorités algériennes ont plus que jamais renforcé la vigilance à la frontière ouest et même est vers la Libye, les GGF, la Dgsn et les brigades volantes des douanes ont reçu d'importants renforts et l'ANP est depuis 24 mois en état d'alerte».


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