Une question se pose avec acuité : où sont passés les fonds destinés à la prise en charge sociale des travailleurs de l'éducation. La manière avec laquelle est administré le Fonds national de péréquation des oeuvres sociales suscite moult questionnements au sein des syndicats autonomes. La centrale syndicale, dirigée par Sidi-Saïd, demeure, en effet, la seule organisation représentée au sein du conseil d'administration de cette instance, puisque les syndicats autonomes sont accusés de «non-représentativité». La plupart d'entre eux, agréés ou non autorisés, à l'instar du Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest), se montrent embarrassés par l'«exclusion» dont ils sont victimes. Selon Méziane Mériane, coordinateur national du Cnapest, cette «élimination» traduit clairement «le fossé existant entre les pouvoirs publics et les partenaires sociaux». «Les syndicats autonomes, ajoute-t-il, demeurent les véritables représentants de la classe ouvrière, car les travailleurs n'ont plus besoin de tuteur mais d'une force militante qui se batte pour l'aboutissement des droits sociaux», allusion faite à la dégradation du rôle de l'Ugta à un stade subalterne. Cependant, une question se pose avec acuité : où sont passés les fonds destinés à la prise en charge sociale des travailleurs? D'après M.Mériane, le secteur de l'éducation est censé encaisser dans chaque wilaya un montant estimé à 12 milliards de centimes. Or, ajoute notre interlocuteur, les enseignants et les travailleurs de l'éducation vivent des situations des plus lamentables. Pour Ali Boukaroura, coordinateur national du Conseil des enseignants du supérieur (Cnes), l'exclusion des autres syndicats est une «aberration, puisque la Constitution algérienne autorise l'ouverture du champ d'activité à tous les syndicats». En réponse à cette élimination, explique M.Boukaroura, son organisation ne cesse de militer pour que tous les partenaires sociaux puissent participer dans la gestion du fonds. Selon lui, «le décret exécutif n°96-75 promulgué le 3 février 1996 complétant l'article de loi 83-16 datant de 2 juillet 1983, stipule que tous les syndicats représentatifs doivent constituer une partie prenante du conseil d'administration de ce fonds». Or, ce dernier ne cesse d'être sous le contrôle exclusif de l'Ugta. Au sujet de l'enveloppe budgétaire allouée à son secteur, notre interlocuteur a fait savoir que celle-ci n'existe aucunement. D'ailleurs l'Ugta n'est pas représentée dans les rangs des enseignants du supérieur. La position de M.Missaoui, membre du Syndicat national des praticiens de la santé publique (Snpsp), ne diffère pas des deux précédentes. En ce sens, ce dernier, tout en défendant la nécessité de mettre en exécution le décret exécutif n°96-75 promulgué le 3 février 1996, se montre catégorique quant au rôle «indéniable» joué par les syndicats autonomes en matière de lutte pour l'aboutissement des revendications sociales des travailleurs. Tout en se gardant de livrer le moindre commentaire sur la manière avec laquelle ce fonds est géré, Dr Missaoui a affirmé que la mise sur pied de ce fonds est décrétée afin d'assurer une meilleure prise en charge des travailleurs de tous les secteurs. Globalement, les syndicats autonomes se montrent révoltés quant à la façon appliquée dont est géré ce fonds. D'après eux, l'exclusion «inexplicable» des partenaires sociaux ne peut être abolie que par une «véritable volonté politique».