Une volonté à toute épreuve de la ministre Dans ses négociations et son dialogue avec les syndicats notamment autonomes, le département de Mme Benghebrit ne semble avoir tracé aucune ligne rouge. Au ministère de l'Education nationale, on semble avoir compris que les décisions unilatérales prises en excluant le partenaire social n'ont pas beaucoup de chances d'aboutir. Depuis sa nomination à la tête de ce département, Nouria Benghebrit fait du dialogue avec les syndicats du secteur son cheval de bataille, avec à chaque fois, les assurances réitérées que les portes des négociations sont toujours ouvertes. Cette volonté a été renouvelée, hier matin au lycée des mathématiques de Kouba, à Alger, à l'occasion d'une conférence de presse animée par la ministre. «Le dialogue avec le partenaire social sera continu et organisé», a-t-elle assuré, estimant que chaque problème a une solution. Le reste pour elle est juste une question d'agenda. «On a trouvé la solution à la majorité des revendications des syndicats», a-t-elle affirmé, soutenant qu'il était nécessaire d'informer sur les acquis des enseignants. La ministre a reconnu que la question du statut particulier des travailleurs de l'Education est «un peu complexe», mais les négociations doivent prendre naturellement du temps. Dans ses négociations et son dialogue avec les syndicats notamment autonomes, le département de Mme Benghebrit ne semble avoir tracé aucune ligne rouge. Il y a même une sympathie qui est constatée entre les syndicalistes et la ministre elle-même. Cette dernière a indiqué que les perturbations d'ordre social qui ont touché l'école ces dernières années ont eu des répercussions, non seulement sur les résultats de manière générale, mais aussi «sur la mise en oeuvre de la réforme éducative». Pourtant, a-t-elle affirmé, «les grèves ne sont pas une fatalité». Elle appelle tous les intervenants dans le secteur, ainsi que la presse nationale à se mobiliser «si on veut aller vers une école performante». Nouria Benghebrit s'est étalée, en outre, sur la continuation du processus de réforme éducative entamée depuis 2001. L'étape actuelle est celle de rechercher des solutions à certains dysfonctionnements mais, a-t-elle averti, «il faut arrêter de mener des actions dans l'urgence». Pour elle, il faut prendre le temps nécessaire et, en même temps, avoir un agenda pour mener à bien cette «rupture dans l'approche et non dans la continuité». «On ne peut pas jouer les apprentis sorciers dans un secteur qui mobilise autant d'acteurs et qui, surtout, concerne toute la société», a-t-elle expliqué, ajoutant que son département a les coudées franches pour avancer. Il ne faut pas diaboliser les écoles privées Interrogée sur le dernier concours pour le recrutement de 25.000 enseignants, la ministre a répondu que le concours n'est pas censé avoir lieu. «C'est une démarche exceptionnelle», a-t-elle dit. «Nous devrions recruter les diplômés des Ecoles normales supérieures mais ces dernières n'ont répondu qu'à 14% de notre demande», a-t-elle expliqué, soulignant la nécessité d'augmenter le nombre des Ecoles normales supérieures pour répondre aux besoins du département de l'éducation nationale. Mme Benghebrit qui n'a pas cessé de défendre l'école publique, a émis certaines critiques à l'égard des écoles privées, concernant notamment les résultats. Précisant que la place de l'enseignement privé représente moins de 1% de l'enseignement en Algérie, l'oratrice a indiqué que certaines écoles privées ont réalisé un taux de réussite de 0% aux examens du baccalauréat, au moment où d'autres ont affiché 100% de réussite. «Parmi les 2 052 lycées publics, aucun n'est en deçà de 20% de réussite au bac», a-t-elle fait observer, tout en précisant que les résultats dans le privé, pour ce qui concerne les examens de 5e et du BEM, sont satisfaisants. Elle a ajouté que l'obligation de résultat sera exigée également aux établissements privés. Cela étant dit, Mme Benghebrit a appelé à ne pas «diaboliser le privé», mais l'encourager pour permettre à ceux qui ont les moyens d'y inscrire leurs enfants et diminuer ainsi la pression sur le secteur public.