Après les réformes de l'éducation nationale initiées par ses prédécesseurs depuis 2002, puis une première évaluation faite il y a quelques mois, la ministre de l'Education nationale, Nouria Benghebrit, a choisi « la continuité » sur certains aspects et la rupture sur d'autres. Ce qui certain c'est que la ministre a opté pour une gestion prudentielle au lieu des actions dans l'urgence estimant que c'est la pire politique qu'on puisse exercer dans un secteur qui englobe 8,6 millions d'élèves et 700.000 fonctionnaires. « La forte pression exercée dans le secteur mène souvent à la prise de décisions qui ne sont pas bonnes. On a besoin de temps, de réflexion et d'agenda pour prendre les bonnes décisions », a-t-elle indiqué lors d'une conférence de presse à Alger. A propos de la surcharge des classes, la ministre avoue l'ampleur de ce problème qui touche notamment 70% des CEM et lycées. Cette année, le ministère a décidé de mettre en place « la double vacation totale ou partielle ». « Il n'y a pas de solution miracle », a affirmé la ministre. « Ce n'est pas une solution définitive mais nous sommes obligés d'y recourir face au retard accusé dans la réception des infrastructures ». La surcharge des classes de terminale « est généralisée » et touche tous les lycées d'Algérie. Mme Benghebrit explique cette situation par « la double corde vu que la réduction des années au primaire est ressenti à la terminale ». La solution à long terme sera, selon la ministre, pédagogique. « Il faut apprendre à l'enseignant comment traiter et gérer un grand nombre d'élèves », a-t-elle précisé. Tout en assurant « une continuité » dans l'application des réformes et l'ouverture des dossiers en suspens, la ministre a fait savoir que son action s'inscrit aussi dans « la rupture avec les anciennes approches ». « Mes prédécesseurs n'ont pas eu le temps de changer les programmes et de former les enseignants. Les perturbations d'ordre social ont eu des incidences sur l'aspect pédagogique. C'est pour cela que la formation des formateurs est pour nous une action primordiale », a-t-elle fait observer. Cette formation a pour objectif d'améliorer le processus d'apprentissage et les résultats des élèves dans le cycle obligatoire. Les mathématiques, les langues étrangères (français et anglais) et la physique sont les matières à l'origine de l'échec de beaucoup d'élèves dans les examens de fin d'année. Cette année, la ministre a donné instruction « de ne pas détacher ou mettre à disposition les enseignants de ces matières ». Interrogée sur les relations avec les syndicats, la ministre souhaite instaurer « un dialogue continu et organisé » car, selon elle, « il y a pas de problème qui n'a pas de solution. C'est juste une question d'agenda ». Et pour faire face à la colère des enseignants, elle a donné instruction de publier un guide sur les nouveaux acquis de cette corporation. Elle a annoncé la suppression du seuil des cours à réviser en prévision des examens de fin d'année. « C'est le seuil de la honte. Six ans ça suffit », s'est-elle indignée. Reste que la généralisation de l'enseignement du préscolaire n'est pas pour demain faute d'infrastructures sauf dans le sud où une instruction sera donnée pour l'ouverture des classes dans toutes les écoles. Le concours de recrutement est une mesure « exceptionnelle », a indiqué la ministre. Elle a interpellé le ministre de l'Enseignement supérieur pour multiplier le nombre d'écoles supérieures afin de répondre aux besoins exprimés. Sur l'orientation des élèves, elle a affirmé l'installation d'un groupe de travail en collaboration avec la formation professionnelle pour assurer cette tâche. Elle propose la mise en place d'« un système de guidance scolaire » visant à suivre l'enfant depuis la première année moyenne pour l'orienter selon ses aptitudes et ses aspirations. Au sujet des résultats des examens, elle a jugé ceux du primaire et du CEM bons, alors que ceux du bac sont médiocres dans certains établissements. « On ne peut pas continuer comme ça. Une circulaire sera diffusée cette année sur l'obligation de résultats », a-t-elle prévenu. S'agissant de l'enseignement privé, la ministre compte sur l'apport de ces établissements pour alléger l'école publique. « Il ne faut pas diaboliser l'école privée. Il faut l'encourager pour diminuer la pression sur l'école publique. On demande juste d'aller vers la qualité », a-t-elle noté.