Le chef du gouvernement a tenu à affirmer qu'il n'a aucun complexe à assumer son statut de chef de parti au pouvoir. C'est en mettant sa double casquette -celle du chef du gouvernement et du secrétaire général du RND- que M.Ouyahia a commenté l'actualité nationale et internationale, au terme du conseil national de son parti qui s'est tenu jeudi et vendredi à l'hôtel Riadh de Sidi Fredj. De prime abord, Ouyahia a tenu à affirmer qu'il n'a aucun complexe à assumer son statut de chef de parti au pouvoir. «Nous ne faisons pas de la politique de demi-mesure ni de la politique de cache-cache», a-t-il asséné. Comme à l'accoutumée, la dénonciation du terrorisme et le plaidoyer pour une lutte plus acharnée contre ce fléau ont primé sur tous les points chauds de l'actualité. Cela étant, le chef de file du RND ne s'est pas privé d'indiquer qu'une «parfaite coexistence» lie la lutte antiterroriste à la réconciliation nationale sur laquelle repose la principale démarche du président de la République. «Le président vous a donné l'exemple le 4 juillet», a-t-il déclaré tout en se permettant cette écorchure à l'adresse d'un confrère qui lui insinuait l'ambiguïté de ce concept : «Je vous enverrai les documents nécessaires qui pourront vous aider à comprendre le concept». Tout comme il a «regretté» le silence de la classe politique sur ces crimes crapuleux. Et c'est ainsi qu'il a descendu en flammes «les partisans des bavardages de salon qui prétendent faire de l'opposition». Il s'est également permis cette pique qui en dit long : «Il ne faut surtout pas que ce qu'on appelle l'opposition attende une main tendue par un pouvoir qu'elle insulte matin et soir». D'autre part, Ouyahia a démenti le fait que des patriotes sont délestés de leurs armes. Ce qui il y a lieu de relever, a insisté le patron du RND, c'est le remplacement de l'armement plus ou moins lourd que détenaient ces patriotes par des armes légères, pour cause «d'effacement progressif du terrorisme». S'agissant de l'autre fait qui a pris, ces derniers temps, le devant de la scène politico-médiatique, la relation presse- pouvoir en l'occurrence, le conférencier a été très laconique dans sa réponse : «Je pense que le tribunal d'El-Harrach a délibéré sur une affaire qui n'a rien à voir avec le délit de presse. Quant aux réactions suscitées par le cas Benchicou, chacun est libre de son interprétation». Pour ce qui concerne Hafnaoui Ghoul, toujours emprisonné, l'orateur n'en a soufflé mot. Et à Ouyahia d'enchaîner sur l'audiovisuel pour dire «qu'en tant que secrétaire général du RND, je suis entièrement opposé à l'ouverture de ce secteur». Le non moins chef du gouvernement prend comme prétexte la situation de la presse écrite pour justifier son opposition à l'ouverture de l'audiovisuel, relevant que la presse écrite «a donné le mauvais exemple». Par contre, Ouyahia a affirmé que l'Etat a pris en charge la question du développement des médias lourds en mettant sur pied trois chaînes et le lancement prochain d'une quatrième chaîne thématique en tamazight. Concernant le retrait de l'accréditation à la chaîne El-Djazira, le communicant a avancé, d'emblée, que c'est une question de réglementation arguant le fait que toutes les télévisions étrangères dans le monde ont un seul correspondant. A trop y creuser, il a fini par lâcher, incidemment, qu'il déplore de voir l'opinion nationale «fabriquée» par cette télé alors qu'elle «cache les multiples tares de son pays d'origine, le Qatar». Il clot ce sujet en affirmant : «je ne vous cache pas que c'est le cadet de mes soucis». Au sujet de l'alliance présidentielle, le conférencier a recommandé plus de «sagesse et d'exactitude» avant de se prononcer sur sa déconfiture. Tout en reconnaissant les divergences de points de vue qui est une réalité au sein de l'alliance, il s'est félicité néanmoins «du respect infaillible par toutes les parties concernées des 10 points paraphés à El-Aurassi». L'occasion se prêtait également pour réitérer l'ouverture de ce bloc politique à toutes les formations partageant ses «lignes directrices». Enfilant son habit de chef du gouvernement, Ouyahia a nié catégoriquement un prétendu remaniement gouvernemental. Aussi, il a écarté toute possibilité de dissolution de l'Assemblée populaire nationale (APN). Et les remous qu' a suscités l'annulation de la «position rétrograde» d'El-Islah, relative à l'interdiction de l'importation des boissons alcoolisées ne sont, pour le chef de l'exécutif, qu'un nuage d'été puisqu'il y a «plusieurs techniques constitutionnelles pour l'annuler». Arrivé à l'accablante problématique de prise de langue avec le mouvement citoyen de Kabylie, Ouyahia a retrouvé toute sa sève offensive. En effet, il a d'abord accusé les archs d'être la cause du capotage du dialogue, étant imprégnés de la culture de «je veux tout et tout de suite». Par la suite, il croit décoder un message très significatif de la part de la population kabyle : «Ces gens ont clairement dit: ça suffit». D'un autre côté, Ouyahia a pris un parti pour l'abolition de la peine de mort prétextant l'arrangement de plusieurs affaires complexes d'extradition.