Le chargé à la communication du FLN exprime sa crainte quant aux liens des islamistes algériens avec l'organisation internationale des Frères musulmans. Les députés du FLN vont élire demain, à l'APN, leurs représentants au sein des structures de l'Assemblée. Si les élections lors des deux dernières années se sont plutôt déroulées dans des conditions favorables, ce n'est pas le cas cette fois-ci. Le FLN, dont les députés ont occupé les postes qui reviennent à ceux de l'Alliance de l'Algérie verte (AAV), en raison du boycott des structures par la coalition des islamistes, n'est plus dans la même position. Il verra le nombre de ses représentants diminué. La raison: l'AAV composée du MSP, Ennahda et du Mouvement El Islah a décidé d'intégrer les instances de l'Assemblée après deux ans de boycott. D'ailleurs, cette décision n'est pas pour arranger les affaires du vieux parti dont les dirigeants exercent une pression «terrible», selon certaines sources, sur le président de l'APN, Larbi Ould Khelifa, pour rejeter la demande des islamistes. Une polémique est d'ailleurs lancée à ce propos. Quand l'AAV considère qu'il est légitime d'occuper ses sièges, abandonnés pour protester contre la fraude électorale, ce n'est pas l'avis de certains députés du FLN qui veulent barrer la route à ce retour. Faisant lecture d'un article du règlement intérieur de l'Assemblée, qui prévoit la distribution des sièges des partis qui boycottent les structures sur les autres formations représentées au Parlement, un député estime que le boycott est valable durant tout le mandat. Ce que rejettent les islamistes qui expliquent que l'article n'évoque pas la notion de temps, rappelant que le renouvellement des structures se fait chaque année. «C'est leur droit d'intégrer les instances de l'APN. Personne ne peut les en empêcher. C'est un droit constitutionnel. Ils participent quand ils veulent et boycottent quand ils veulent. Chaque groupe parlementaire a un quota dans les structures de l'APN au prorata du nombre de sièges obtenus lors des élections législatives», reconnaît un député du vieux parti. Dans les couloirs de l'APN, on a même évoqué que M. Ould Khelifa aurait pris la décision de rejeter la demande de l'AAV. Or, une déclaration qui nous a été faite, hier, par le chargé à la communication du FLN, Saïd Bouhedja, met fin à tous ces tapages. «Ils ont le droit d'intégrer les instances de l'APN. Le FLN ne va pas s'y opposer et il ne peut pas les en empêcher car le règlement intérieur le leur permet», a-t-il tranché. Pour Saïd Bouhedja, les partis islamistes veulent placer leurs députés dans les structures de l'Assemblée, pour jouer un rôle dans les activités de l'APN. Or, a-t-il ajouté, «ils (les islamistes, Ndlr), ne peuvent rien faire car ils sont minoritaires et nous sommes la majorité». Mais les islamistes veulent-ils s'offrir les tribunes de l'APN pour défendre le projet de transition démocratique pour lequel ils travaillent dans le cadre de la Coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique (Cnltd)?. «Ils sont faibles. Ce qui peut nous faire, en revanche, peur, c'est leurs liens avec l'organisation internationale des Frères musulmans», a répondu M. Bouhedja, concédant que la présence de l'opposition dans les structures du Parlement «est une bonne chose pour la démocratie». Dans une déclaration qu'il nous a faite, Youcef Khababa, chef du groupe parlementaire de l'AAV, a expliqué que la décision d'intégrer les commissions de la chambre basse du Parlement répond à la nécessité «de mieux défendre les propositions de loi et initiatives lancées par le groupe parlementaire de l'alliance». «Aujourd'hui, il reste juste trois ans pour la fin de l'actuel mandat. On veut utiliser tous les moyens pour défendre nos propositions de loi et surtout savoir ce qui se passe dans ces commissions comme dépassements et irrégularités», a encore expliqué M.Khababa. A rappeler enfin, que le FFS a déjà exprimé son refus de siéger au sein du bureau de l'APN et d'assurer la présidence de commissions pour exprimer sa contestation quant au fonctionnement de l'institution et pour rester cohérent avec sa participation tactique aux élections législatives de 2012. «Le FFS veut aussi, par cette décision, mettre à jour le refus du bureau de l'APN d'un fonctionnement démocratique», a expliqué ce parti dans un communiqué récent où il a annoncé sa décision.