Une urgence s'impose, c'est d'arrêter la violence dans certains hôpitaux Les scalpels et les bistouris ne suffisent plus. Faut-il armer les médecins et les infirmiers dans les hôpitaux? Au vu des agressions répétitives enregistrées dans les différentes structures médicales, la question mérite d'être posée. Le phénomène de la violence dans les hôpitaux est nouveau. Il a suscité une grave inquiétude. Chaque semaine, si ce n'est chaque jour, la presse rapporte des actes d'agression dans ces structures où devaient régner la sécurité et la quiétude. Des médecins dans leurs propres cabinets sont tabassés, insultés et agressés ainsi que des infirmiers et des malades. Les hôpitaux sont transformés souvent en de véritables rings. Avant-hier, un jeune âgé de 23 ans a été assassiné dans l'enceinte de l'hôpital de la commune de Ras-El-Ma, au sud de la willaya de Sidi Bel Abbès. La victime a été tuée par un groupe d'individus muni de sabres et d'armes branches qui se sont introduits vers 3h du matin au niveau dudit hôpital. Le défunt n'est pas l'unique victime, puisque sa soeur âgée de 18 ans a été aussi blessée gravement. La jeune fille est actuellement en réanimation au sein de l'hôpital Hadid Aïssa de la commune de Tlagh. Il y a une semaine, un drame a été évité de justesse à l'hôpital Salim- Zemirli d'El Harrach dans la capitale. Suite à une altercation verbale, un jeune patient a tenté d'agresser le médecin femme qui devait l'ausculter et son compagnon a failli étrangler un autre médecin venu au secours de sa collègue. «Ce dernier s'est jeté sur sa victime et a failli l'étrangler», peut-on lire sur le site Internet du quotidien arabophone El Khabar. Quelques jours auparavant, soit le 25 juillet dernier, vers minuit, Bachir Guerbas, médecin résident au CHU Mustapha Pacha (Alger), a été passé à tabac par un groupe composé d'environ six personnes accompagnant une malade. Cette famille était aux urgences pour leur proche hospitalisé en chirurgie. Apostrophé par un des membres de cette famille sur la disponibilité d'un chirurgien de service, le médecin réanimateur a répondu qu'il ne pouvait les aider étant lui-même médecin réanimateur. «La malade, leur mère ou leur grand-mère, devait passer en urgence chirurgicale, mais il n'y avait pas de place», raconte Bachir Guerbas. Il s'agissait, en effet, d'une pure «séquestration» car «le jeune homme a été pris à part dans une chambre et a été frappé». Les agressions du genre sont devenues monnaie courante. Les agresseurs sont souvent les proches mécontents des conditions et de la qualité de leur prise en charge. Les infirmiers et les médecins payent pour un secteur en «agonie»! Rien qu'en mars dernier, un médecin et une infirmière ont été agressés par un patient au niveau de l'hôpital de Rouiba, toujours dans la capitale. Dans le même hôpital, trois mois plutôt, une autre agression sur un médecin avait été enregistrée. Les faits ne sont ni isolés ni exceptionnels. En août 2012, un médecin radiologue agressé à l'hôpital de Khenchela. Quatre membres d'une même famille ont, en effet, passé à tabac un médecin radiologue à une heure d'affluence et en présence du personnel paramédical et de citoyens médusés. Où sont passés les agents de sécurité? Qu'en est-il de la sécurité des hôpitaux? Enfin, la santé dans notre pays est malade... Mais les médecins ou le personnel soignant ne sont que des boucs émissaires. Pour ces personnes qui se voient refuser l'accès aux urgences pour accompagner leur mère souffrante cela est à la fois frustrant et pénible, car en se retrouvant dans cette situation, ils sont désemparés, ne sachant plus quoi faire ni où aller craignant, pour la vie de leur parent, c'est pourquoi le système de santé devrait être réorganisé pour pallier à ces insuffisances. Seulement, ce n'est pas une raison pour prendre le médecin comme bouc émissaire, les citoyens devant comprendre que le médecin qu'ils trouvent aux urgences ou à la consultation n'est en rien responsable de tout cela. A l'Etat, et à lui seul, d'oeuvrer à garantir les bons soins au citoyen, à mettre les moyens nécessaires et à protéger tout le monde.