Un acte condamné à l'unanimité Le parallèle est savamment entretenu par une artillerie médiatique à la solde d'une droite extrémiste. Replongés dans les abysses de la décennie rouge des années 1990 par l'effroyable décapitation du ressortissant français, Hervé Gourdel, les Algériens subissent un autre choc. Si le premier était foudroyant, ce deuxième est cisaillant: il fait l'amalgame entre l'islam et le terrorisme. Le parallèle est savamment entretenu par une artillerie médiatique à la solde d'une droite extrémiste. Quel pays dans le monde musulman a-t-il payé une facture aussi lourde que l'Algérie: 200.000 morts en dix années de lutte sans merci contre le terrorisme aveugle. Autres temps, autres moeurs médiatiques. A cette époque, quand des centaines d'Algériens étaient passés au fil du couteau, en une seule nuit, à Rais ou à Bentalha, des femmes enceintes éventrées et des bébés brûlés vifs, cette même presse faisait un black-out total sur l'Algérie. Economiquement à terre, politiquement isolée, l'Algérie guettait le moindre frémissement de l'Hexagone pour lui prêter main forte face à l'hydre terroriste. C'est l'exact contraire qui s'est produit, tant que ça se passait «entre eux» (les Algériens, Ndlr). Une certaine presse française titrait sur cinq colonnes: la guerre civile en Algérie (sic). C'est avec les attentats du RER en 1995 à Paris, que les autorités françaises prennent conscience du danger réel que représentent ces fous de Dieu. Et c'est avec les attentats du 11 septembre 2001 à New York que la France et le monde ont le doigt sur la couture du pantalon, suivi des pas cadencés des Américains vers la guerre contre le terrorisme. Enfin, le cri de l'Algérie a été entendu 10 ans plus tard... Le lâche et brutal assassinat d'Hervé Gourdel a été durement vécu en Algérie et plus particulièrement en Kabylie, mais contre toute attente il a entraîné une vague de d'islamophobie. Voulant choquer l'opinion, les médias français ont provoqué la haine de certains écervelés. On assiste même à certains appels à la vengeance de tout ce qui est musulman en France. Grave situation qui peut nuire grandement aux relations de la République française avec un grand nombre de pays musulmans. Le président François Hollande a bien pris le soin de différencier entre l'islam comme religion de paix et de tolérance avec le terrorisme barbare que secrètent tous les extrémismes. Le président Hollande a bien insisté sur l'unité nationale, car la stigmatisation des musulmans c'est aussi s'attaquer à une partie des Français et qui sont des millions à pratiquer cette religion. L'écho à la déclaration de M.Hollande a été donné hier, dans une lettre qu'a adressée à ses compatriotes l'ambassadeur de la France en Algérie, Bernard Emié. «Un tel drame touche aussi bien les Français que les Algériens, qui ont fait dans le passé la lourde expérience de la violence terroriste et que je tiens à cette occasion à remercier pour leurs nom-breux témoignages de sympathie», souligne-t-il dans sa missive ajoutant qu'«il nous appartient de poursuivre nos efforts, afin de resserrer dans tous les domaines les liens entre la France et l'Algérie et de relever ensemble les défis communs auxquels nous sommes confrontés. C'est un enjeu de première importance, dont témoignent d'ailleurs la mobilisation massive et les marques de soutien que nous apportent les autorités et la population algériennes dans cette épreuve qui est aussi la leur». Ce comportements anti-islam, a mobilisé des responsables politiques, des avocats, des universitaires en France qui appellent à une marche aujourd'hui, à Paris. Des intellectuels français ont également réagi à cette stigmatisation qu'ils ont qualifiée de dangereuse. Le président et cofondateur de Mediapart, Edwy Plenel, a affirmé dans un entretien au magazine Le Point que ceux qui disent que «les musulmans en bloc étaient contre notre civilisation. Ce sont des stupidités! Mais ce sont des stupidités dangereuses, car elles peuvent nous mettre en guerre contre nous-mêmes. Les musulmans de France sont français, comme vous et moi, ils sont musulmans et français, et je leur tends la main».