Les entreprises algériennes se trouvent confrontées à un dilemme, soit s'adapter aux nouvelles exigences du marché, soit disparaître, selon le ministre de la PME. L'ambassadeur de la Commission européenne en Algérie a reconnu hier que le retard enregistré dans le programme de mise à niveau des entreprises algériennes est dû essentiellement «à la mauvaise gestion» qu'avait connue l'Agence d'exécution du programme Meda depuis son lancement. Une situation qui a amené M. Lucio Guerrato à procéder, selon ses propos, «au coupage de têtes» pour donner un nouvel essor à ce programme. L'ambassadeur, qui intervenait lors de la journée d'information sur le programme Euro développement PME organisée hier à El Aurassi, s'est vu contraint de faire cette mise au point pour «justifier» le bilan très maigre du programme lancé en 2001 en partenariat entre les autorités algériennes et l'Union européenne. Un bilan présenté par M.Olivier Develep, le directeur, et l'un des derniers survivants de ladite agence. Et selon ces chiffres, seules 23 entreprises ont étés mises à niveau depuis le lancement de ce programme. Un bilan qui pourrait paraître «insignifiant» selon l'orateur, lequel rassure que le rythme va s'accélérer dans les mois à venir pour atteindre une centaine d'entreprises. Un bilan qui vient battre en brèche l'optimisme officiel. Celui du ministre de la PME et de l'Artisanat, M.Mustapha Benbada qui n'a pas manqué de citer le fameux chiffre de 500 actions lancées en direction des entreprises algériennes en omettant de donner des détails sur le nombre d'opérations achevées. Quelle place pour les PME algériennes à la veille de la signature de l'accord d'association avec l'Union européenne et l'adhésion à l'OMC? Peut-on parler de l'échec du processus de mise à niveau, sachant qu'il existe plus de 200.000 PME en Algérie. Le ministre renvoie l'ascenseur aux entreprises : «La mise à niveau est une démarche volontaire qui doit émaner des entrepreneurs», précise-t-il. Il affirme aussi que le programme Euro développement PME a connu un début d'exécution difficile à cause notamment de la «méconnaissance» par les experts européens du contexte et des réalités de l'entreprise algérienne. «Aujourd'hui il faut reconnaître que ces experts se sont adaptés à l'environnement de l'entreprise, ont approfondi leur connaissance du tissu industriel algérien.» L'autre obstacle est relatif au coût des opérations de mise à niveau qui décourage souvent les entreprises à adhérer à ce processus. Afin d'y remédier, le ministre a annoncé que son département a débloqué, en partenariat avec la Commission européenne, une enveloppe de 20 millions d'euros comme couverture financière supplémentaire pour aider les entreprises qui se heurtent aux réticences des banques. Un fonds qui vient appuyer «les efforts» consentis par les pouvoirs publics, notamment à travers les 60 millions d'euros engagés avec le partenaire européen, le Fonds de garantie des investissements, et le fonds capital risque qui seront opérationnels à partir de janvier 2005. Mais cela ne justifie rien pour Benbada, «les entreprises algériennes se trouvent confrontées à un dilemme, soit s'adapter aux nouvelles exigences du marché, soit disparaître». Après cette mise en garde, l'orateur a pris le soin de fixer «l'alternative». «Il s'agit, pour les entreprises, de s'inscrire dans une démarche consensuelle entre les partenaires économiques et les pouvoirs publics» à travers la mise à niveau.