Le ministre de l'Habitat veut lever toutes les entraves pour accélérer la cadence des travaux. Le projet de la Grande mosquée d'Alger se cherche un nouvel élan. Depuis son changement de tutelle, passant du ministère des Affaires religieuses à celui de l'Habitat, ce projet très contesté et qui a fait l'objet d'une large polémique, commence à retrouver le chemin de l'aboutissement. Le ministre de l'Habitat, Abdelmadjid Tebboune, qui a effectué, hier matin, une visite dans le chantier se donne la priorité de rattraper le retard accusé, estimé à plusieurs mois. Il veut lever toutes les entraves pour accélérer la cadence des travaux. «Nous souhaitons que le projet soit reçu au premier semestre 2016», a-t-il indiqué à l'occasion de cette visite, en présidant une réunion avec tous les intervenants. Prévu pour être livrée au premier trimestre 2015, la Grande mosquée d'Alger, comme la plupart des projets lancés au niveau national, risque de connaître un retard encore plus long si tous les obstacles ne sont pas levés entre-temps. C'est d'ailleurs dans cet objectif que la visite de M.Tebboune a été faite hier. «J'espère que tous les obstacles soient levés. Je n'accuse personne pour ce retard mais on veut des solutions consensuelles pour mener à terme le projet», a-t-il dit, précisant que les mesures nécessaires pour se faire seront prises. Cette déclaration du ministre de l'Habitat contredit une déclaration du ministre des Affaires religieuses Mohamed Aïssa, faite le 1er septembre dernier, avant que le projet ne change de tutelle. Alors en visite sur le chantier, Mohamed Aïssa s'est félicité que «toutes les entraves rencontrées jusqu'ici sont aujourd'hui levées». Plus d'un mois plus tard, le ministre de l'Habitat tente de lever ces mêmes obstacles, soutenant que la décision du Premier ministre de changer de tutelle au projet n'est pas fortuite. Abdelmadjid Tebboune ne veut enfoncer aucune partie intervenant dans la réalisation du chantier en lui attribuant la raison du retard dans ce projet cher au pouvoir. Toutefois, il a reproché à ces parties un manque de coordination qui serait justement à l'origine de la situation. Pour lui, les contrats signés au début du projet pourraient comporter des lacunes exploitées par les uns contre les autres. Mais c'est l'entreprise chinoise, «China State Construction Engineering Corporation» (Cscec), chargée des travaux, qui a été pointée du doigt par le ministre. Elle serait en partie responsable en manquant d'engagement. «L'entreprise chinoise devait employer 3000 personnes répartis sur trois équipes pour travailler 24h sur 24h. Or, sur le terrain, elle n'emploie que la moitié de l'effectif, c'est-à-dire 1500 personnes qui n'occupent pas le chantier H24», a-t-il expliqué. D'une capacité d'accueil de 120.000 fidèles, la Grande mosquée d'Alger comprendra 11 bâtiments indépendants dont une bibliothèque, un musée, une salle de prière, un centre culturel, une Maison du Coran et un minaret d'une hauteur de 276 mètres composé de 5 blocs de 5 étages chacun. Lancé en 2012, le projet est doté d'une enveloppe initiale de 1 milliard d'euros. Avec le retard enregistré, des questions se posent autour de sa réalisation. L'entreprise chinoise honorera-t-elle ses engagements après la levée des entraves? Sinon, subira-t-elle le même sort que celui de l'entreprise japonaise Cojaal, chargée de réaliser un tronçon de l'autoroute Est-Ouest et dont le contrat vient d'être résilié? En tout cas, les pouvoirs publics semblent déterminés à mener le projet, cher au chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, à son terme quel que soit le prix à payer.