Quel que soit l'effort consenti par l'Etat dans le domaine de la réalisation de logements, il reste en deçà des attentes du citoyen et des besoins exprimés. Il est vrai que le problème est complexe et profond, et le retard pris dans ce domaine est énorme, néanmoins, la bouffée d'oxygène apportée au secteur par les réalisations de ces dernières années semble salutaire et augure des lendemains meilleurs. Toutefois, les responsables en charge du secteur ont du pain sur la planche. La seconde raison de l'insuffisance de logements construits se rapporte au problème du foncier qui, non seulement entrave la réalisation des logements participatifs et évolutifs ,mais aura des répercussions directes et néfastes sur les emplacements futurs des groupes des logements à édifier. Le rapport présenté par le directeur de l'habitat et des équipements publics est éloquent à plus d'un titre. Selon ce document, pour un crédit total de 1028.000.000 DA alloué, 426.368.000 DA n'ont pas été déboursés et les principales entraves quant à ce manque à réaliser semblent être les lenteurs et les retards des APC à établir les listes des postulants, et surtout les problèmes du foncier, particulièrement dans les zones montagneuses. La somme non déboursée avoisine la moitié du montant du crédit. Il en est de même pour l'habitat rural où seule une proportion de 39% a été consommée puisque sur une enveloppe de 1055.000.000 DA, seulement 340.746.000 DA ont été déboursés, et ce, de 1997 à 2000. Même le logement social, pourtant implanté en zone urbaine ou semi-urbaine, semble connaître les mêmes difficultés dans sa réalisation, puisque le même rapport cite que 32% seulement des inscriptions sont réalisées, et encore faut-il occulter la tranche 2001. Alors que le nombre de logements inscrits pour la période 1997-2001 est de 6200, le nombre de logements livrés n'est que de 2643, ce qui est nettement inférieur à la moitié. Ce secteur connaît encore d'autres difficultés comme par exemple le peu d'intérêt affiché par les entrepreneurs à soumissionner à la construction de logements alors qu'ils sont friands d'autres projets (établissements scolaires, routes ou autres structures). Certaines zones sont tout simplement boudées, telles que Miliana. Le non-respect des délais de livraison est également une entrave. Ce secteur, si fragile et si névralgique à la fois, connaît d'autres difficultés. Un élu s'interroge sur la question de savoir s'il existe un plan de restauration des anciens quartiers. Pour lui, les 6650 logements ruraux prévus sont nettement insuffisants au regard de la composante de la population rurale (449.071, soit 60% de la population de la wilaya). Les interventions sont multiples et les débats sont passionnés et passionnants. Un membre de l'APW soulève le cas des quartiers populeux et oubliés datant de l'ère coloniale et souvent cachés des regards des passants par des murs de la honte (le mot est lâché). Il souhaite aussi connaître le déficit exact en logements. M.K. intervient à son tour pour faire part de son souci à propos des 12 familles délogées à Miliana avec des promesses fermes de les reloger dans un délai de six mois. Il pose crûment la question: «A quand le relogement de ces familles? Que devient ainsi la crédibilité de l'Etat?» L'ancien président de l'APC revient sur les logements construits dans le cadre du plan d'urgence de reconstruction après le séisme du 10 octobre 1980 et qui ont été déclarés constructions illicites. En résumé, les débats fort passionnés montrent à quel point la question du logement est fondamentalement un sujet épineux et combien les élus ont le souci d'améliorer les conditions de vie du citoyen. Sachant que des citoyens mettent fin à leur vie pour un logement qu'ils auraient tant voulu acquérir dignement, ne serait-il pas plus pertinent de savoir comment faire pour rattraper le retard pris dans la réalisation de logements qui se chiffre par milliers pour une période si courte (1997-2001).