L'existence de procédures d'achat centralisées est recommandée La mise en oeuvre des nouveaux tarifs de référence des médicaments préoccupe toujours les membres de l'Association algérienne des distributeurs pharmaceutiques (Adpha). Lors d'une assemblée générale tenue récemment à Alger, le président de l'Association algérienne des distributeurs pharmaceutiques, Dilmi Bouras Abdelkader, a souligné que les distributeurs en produits pharmaceutiques s'inquiétaient de plus en plus des pratiques «condamnables» que certains de leurs fournisseurs imposent à chaque fois que les autorités compétentes décident du changement du prix de référence d'un médicament. Il explique que la réglementation applicable en l'espèce a prévu une période de transition de trois mois conçue pour permettre aux différents acteurs d'adapter leur dispositif commercial et logistique. Au-delà de ces difficultés, les pharmaciens sont quelquefois soumis aux pressions des fournisseurs étrangers faute de coordination des décisions d'achat. D'ailleurs, ces décisions peuvent même être cordonnées au niveau maghrébin. C'est en tout cas l'un des sujets abordés depuis quelques jours lors d'une conférence tenue en présence de l'Institut de prospective économique en Méditerranée (Ipemed) sollicité pour présenter le cadre général dans lequel évoluent les marchés du médicament des pays du Maghreb. A partir des résultats du rapport intitulé «Vers un marché maghrébin du médicament», Macarena Nuno, chef de projet à l'Ipemed, a présenté les principaux challenges auxquels ces pays font face comme la transition démographique et épidémiologique ainsi que les pratiques organisationnelles. Il y a eu également des informations sur les spécificités des marchés du médicament d'Algérie, du Maroc et de Tunisie ainsi que leurs complémentarités qui sont autant de leviers d'intégration régionale. Cette dernière peut s'appuyer sur les données liées à la consommation croissante des médicaments, aux productions nationales en hausse et au souhait des gouvernements de développer l'industrie nationale du générique. L'existence de procédures d'achat centralisées est recommandée. Les spécialistes ont eu un débat sur cet état des lieux à travers un échange qui s'est porté sur la possibilité de mettre en place une harmonisation des autorisations de mise sur le marché (AMM), qui est l'une des recommandations de l'Ipemed pour favoriser une plus grande intégration, à terme, de ces marchés. Deux options peuvent être envisagées par les gouvernements. Soit ils mettent en place une AMM commune pour les pays du Maghreb, comme cela est le cas dans certains groupements régionaux africains, ou encourager la reconnaissance mutuelle entre pays, comme cela est fait au niveau européen. Pour faire avancer la coopération dans ce domaine, l'Ipemed s'emploie à la mise en place d'un Dialogue 5+5 consacré à la santé. Pour y parvenir, Ipemed a déployé deux actions pour accompagner la création d'un groupe de travail technique sur la santé en Méditerranée occidentale et développer une démarche de lobbying auprès des ministres de la Santé et des Affaires étrangères des dix pays concernés. Le groupe de travail technique s'est déjà réuni deux fois en mars 2013 et en janvier 2014 et a été sensibilisé à l'intérêt d'une telle harmonisation. La stratégie de lobbying a également eu des effets puisque dans la onzième réunion des ministres des Affaires étrangères du Dialogue 5+5 qui s'est tenue à Lisbonne, en mai 2014, les pays participants se sont félicités de la mise en place du groupe technique sur la santé et ont encouragé un Dialogue 5+5 consacré à la santé en 2015. Les pays du Maghreb ont des enjeux de santé communs et ils gagneraient, selon ces propositions, à les traiter de façon collective grâce à des coopérations dans le domaine de la santé tout en encourageant une plus grande intégration. A condition que les pouvoirs publics dépassent les différences politiques et de saisir cette opportunité. Pour que les patients disposent d'un médicament peu cher.