Hafnaoui Ben Ameur Ghoul, le journaliste et militant des droits de l'homme, condamné à trois mois de prison, est sorti de sa réserve, hier, pour exprimer, dans une lettre adressée au procureur général de Djelfa, «son désarroi et sa grogne» quant aux chefs d'inculpation retenus contre lui. D'emblée, le journaliste détenu témoigne, en racontant le récit du malheureux scénario qui l'a conduit aux portes de la geôle, que sa condamnation a été décidée «en toute hâte». Celle-ci, ajoute le rédacteur de la lettre, «était entachée de considérations typiquement politiques». En réagissant à la valse des réformes envisagées dans le secteur de la justice, M.Ghoul remet sur la table la thèse dite «indépendance de la justice en Algérie». «Peut-on parler encore de l'indépendance de la justice et de la crédibilité du système judiciaire?», s'est-il interrogé tout en avouant qu'il écartait la vraisemblance de ce raisonnement. Hafnaoui Ghoul n'a pas mâché ses mots à l'égard des instances judiciaires de la wilaya de sa résidence. Le destinateur affirme que toutes les déclarations du procureur général de Djelfa sont «infondées» et visent à «salir l'image d'un journaliste». D'ailleurs, a-t-il renchéri, cette «peine» s'inscrit dans le cadre des «campagnes répressives visant à bâillonner la presse». Pour revenir au scénario de sa condamnation, le prisonnier s'étonnait, d'un côté, de la «précipitation dans laquelle son affaire a été conclue», et d'un autre, du sort réservé à ses «maintes plaintes introduites antérieurement auprès des différentes instances» de la wilaya de Djelfa. Dans le même sillage, M.Ghoul affirme avoir saisi le procureur général pour une demande de protection. Celle-ci, a-t-il expliqué, est intervenue suite aux «agressions répétées» dont il a fait objet. Grosso modo, Hafnaoui Ghoul, ne cesse de crier «l'intolérance» contre les justificatifs de l'avocat et du verdict décidé par le juge d'instruction. A contrario, il prétend que sa détention a été «motivée par des prétextes politiques». Pour rappel, le correspondant du quotidien Djazaïr News a été condamné, selon les chefs d'accusation retenus par la justice, à savoir diffamation et outrage aux autorités locales de Djelfa. La seconde accusation concerne l'affaire des «600 milliards» que le wali de Djelfa aurait dilapidés et que Ghoul a dénoncé dans les colonnes du quotidien Le Soir d'Algérie.