La première héroïne algérienne qui a combattu la France «Cette terre ne sera jamais la terre du colon. Même si je meurs, je vous laisserais sur un brasier de feu qui va continuer jusqu'à la fin du colonialisme», dira l'héroïne au colon français. Projeté pour la première fois au grand public et en présence du réalisateur Belkacem Hadjadj et l'équipe du tournage qui a fait un excellent travail, le fameux film Fadhma N'soumer a été projeté dans la soirée de jeudi dernier à la Cinémathèque d'Alger. Tournée en langue amazighe et sous-titré en langues arabe et française, le film replonge le public dans une histoire de la colonisation où l'héroïne Fadhma N'soumer a été confrontée dès son enfance à l'ordre patriarcal qui l'a obligée au mariage forcé, avant de consacrer sa vie spirituelle et morale à la mobilisation des troupes pour défier le colonialisme français dès 1847. Dotée d'une force de caractère incontestable et une sagesse philosophique digne des ancêtres qui défendent l'honneur et la patrie, au prix de la vie et de la liberté, Fadhma N'soumer avait guidé Boubaghla dans ses batailles jusqu'à sa mort à cause d'une trahison qu'il n'avait pas imaginée. «Boubaghla a été trahi par les siens, il n'est pas tombé au champ d'honneur contre les colons», chante-t-on après la nouvelle de son décès au milieu des siens et des tribus. Malgré les influences, les divisions et la peur des colons, les Kabyles de Beni Melikèche et autres tribus qui ont défendu corps et âme la terre et ce malgré la misère et les représailles des forces coloniales, Fadhma N'soumer lance: «Même si nous mourrons, votre sang est un sacrifice qui restera une fierté pour les générations à venir», dira-t-elle devant la population kabyle qui l'avait adoptée et soutenue jusqu'au bout avant de reprendre le flambeau de la lutte contre le colonialisme. La réunification de la propre famille de Lalla Fadhma N'soumer, ainsi que les tribus divisées, dont les unes étaient pour le combat et d'autres trahissaient, était au coeur de la préoccupation de la chef spirituelle qu'était devenue Fadhma N'soumer, qui devait réunir, unir et remobiliser les troupes afin de refuser la soumission et lutter contre l'injustice du colonialisme français. «Cette terre ne sera jamais la terre du colon.» «Même si je meurs, je vous laisserai sur un brasier de feu qui va continuer le combat jusqu'à la fin du colonialisme», rappelle-t-elle aux différents officiers et généraux du colonialisme français. Diffusé dans 14 wilayas à partir de jeudi dernier, le film Fadhma N'soumer de Belkacem Hadjadj, a réussi l'exploit en faisant la différence avec le feuilleton TV qui a été produit sur le même personnage originel de Lalla Fadhma N'soumer, lequel n'a pas connu le même intérêt auprès du peuple. «L'histoire s'écrit une fois, pas deux fois», ironise un des spectateurs qui a retrouvé un minium de repères par rapport à l'histoire de cette femme héroïne qui a dit: «Si jamais les hommes échouent, nous allons continuer le combat nous-mêmes pour le pays.» Ce film de deux heures qui a été qualifié de chef-d'oeuvre par de nombreux intervenants qui n'ont pas manqué de souligner toute son importance, en termes de réappropriation du patrimoine moral et historique du peuple algérien, a été tourné au village de la Kalaâ des Beni Abbas à Bordj Bou Arréridj. Un film à voir et à revoir absolument.