La normalisation des relations entre les deux pays n'est donc pas tributaire du règlement de la question du Sahara occidental. La visite entamée, hier, en Algérie par le ministre marocain de l'Intérieur, M.Al Mostafa Sahel, révèle un enseignement majeur : les relations entre les deux pays peuvent reprendre du bon pied, loin des préjugés et des tensions du passé. Donner une nouvelle impulsion aux relations bilatérales tout en mettant de côté le dossier du Sahara occidental qui concerne au premier chef les Sahraouis et les Marocains. Le communiqué «mise au point» du ministère des Affaires étrangères à propos de l'approche faisant de la question du Sahara occidental «l'élément de blocage» des relations entre Alger et Rabat est clair: «L'Algérie ne subordonne l'approfondissement et le développement de ses relations de fraternité, de bon voisinage et de coopération avec le royaume du Maroc à aucune conditionnalité ni restriction». Avant de poursuivre, «elle est disponible pour la prise de mesures et d'initiatives concertées dans un cadre de réciprocité et de sérieux dans la mise en oeuvre des accords conclus» entre les deux pays, aussi bien dans le cadre de l'UMA que des commissions mixtes. En voulant faire de l'Algérie l'interlocuteur de substitution, certaines parties connues pour leurs positions hostiles au référendum d'autodétermination du peuple sahraoui, ne cherchent en réalité qu'à «prolonger indûment une situation préjudiciable aux peuples de la région» La normalisation des relations entre les deux pays n'est donc pas tributaire du règlement de la question du Sahara occidental. Ce message, le ministre marocain de l'Intérieur l'a compris, en déclarant à son arrivée à l'aéroport Houari Boumediene que sa visite est «le couronnement des dernières rencontres au niveau des ministres et des commissions spécialisées». Il n'est plus question, du moins publiquement, du problème du Sahara occidental, ni de la réouverture des frontières. L'hôte de l'Algérie qui n'a pas manqué de relever «le profond respect et l'amitié sincère» que voue le Roi Mohammed VI au président, au gouvernement et au peuple algérien, a mis en exergue «les liens de fraternité, d'histoire et de destin commun» qui lient les deux pays. L'édification du Grand Maghreb, à travers l'édification de l'UMA, est aux yeux de M.Sahel, une option stratégique au service des peuples des deux pays. A noter que M.Sahel a été reçu hier par le chef de l'Etat M.Abdelaziz Bouteflika et par le ministre d'Etat et ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, M.Nouredine Yazid Zerhouni. Le ministre marocain des Affaires étrangères, dont la visite coïncide avec la célébration du 42e anniversaire de la Fête nationale de la police, a assisté, hier en compagnie de son homologue algérien, à l'inauguration du laboratoire d'analyses d'empreintes génétiques d'ADN, le premier du genre en Afrique et du monde arabe. La symbiose entre les deux capitales s'est donc opérée à l'occasion du séjour de l'envoyé de Sa Majesté, qui a compris que le débat stérile autour de la question sahraouie ne fera que retarder le rétablissement des relations fraternelles entre les peuples algérien et marocain, qui aspirent à un avenir meilleur.