Je suis venu en visite de travail, mais aussi pour concrétiser la dynamique positive née des dernières rencontres, au niveau ministériel et des commissions mixtes », dira aux journalistes regroupés au salon d'honneur de l'aéroport Houari Boumediène M. Mostafa Sahel, ministre marocain de l'Intérieur, arrivé hier à Alger pour une visite de deux jours. Ces rencontres, ajoutera-t-il, « ont permis de dégager une vision pouvant mener à des solutions effectives et concrètes dans le cadre d'une nouvelle approche ». Qu'entend-il par « nouvelle approche » ? M. Sahel n'en soufflera aucun mot de plus qui, un tant soit peu, pourrait éclairer sur les contours de cette ré-orientation des relations algéro-marocaines. Laquelle intervient à un moment où un forcing américain et européen presse Alger et Rabat pour un rapprochement à effet immédiat. Simple courtoisie ou une manœuvre de plus qui vise à insinuer que la partie algérienne fait, dans ce sens, le premier pas ? M. Mostafa Sahel prendra le soin de préciser qu'il est venu en Algérie « sur invitation de M. Zerhouni ». Parler de « solutions effectives et concrètes », cela veut dire que le ministre marocain pense aux sujets urgents de l'heure. Des dossiers comme la lutte antiterroriste, la réouverture des frontières terrestres ou les échanges commerciaux cherchent un traitement satisfaisant pour les deux pays. Or, il ne faut pas perdre de vue que Rabat a toujours conditionné le traitement de ces dossiers par le règlement, au préalable et selon « la vision du royaume », de la question sahraouie. Donc, qu'est-ce qui a bien pu faire changer la position du système makhzénien, dont M. Sahel est un pur produit ? Les spéculations ne manquent pas, ces jours-ci, à propos des rapports de force entre les partisans de la solution marocaine et ceux se référant absolument à celle adoptée par le plan onusien. Ce qui est sûr, par contre, c'est que le dossier du Sahara-Occidental a été pris comme prétexte pour geler le bon fonctionnement de l'UMA et faire échouer les tentatives de réunir les cinq chefs d'Etat de cette organisation. Pourtant, M. Mostafa Sahel n'a pas manqué, hier, de donner le ton à une nouvelle perspective pour la région. « Nous allons œuvrer, main dans la main, pour une Union maghrébine unie et complémentaire en tant que choix stratégique », lancera-t-il. S'il faut vite prendre un raccourci, on conclura qu'une solution consensuelle est en élaboration à propos de l'avenir politique du Sahara-Occidental. Mais, de toutes ses forces, Alger est en train de défendre les positions de principe qu'elle a toujours exprimées sur cette question. Comme argument, le ministre marocain inscrira ce choix stratégique se rapportant à l'UMA dans le cadre des « intérêts des deux pays ». Il tentera de diluer cette notion d'intérêts dans un cadre plus global : celui de « faire face aux défis de la mondialisation et des regroupements régionaux ». Un tremplin pour Rabat afin de mieux se repositionner au plan régional et, partant, mieux défendre ses thèses.