«Je redoute trois journaux plus que 100.000 baïonnettes.» Napoléon Bonaparte Alors que l'Algérie fêtait, hier, la Journée nationale de la presse, les télévisions algériennes privées se sont faites toutes petites en raison de l'absence de révolution depuis leur lancement hors de nos frontières. Sur les 26 chaînes qui gravitent autour de la galaxie Nilesat, seules deux ou trois chaînes se sont illustrées par leurs professionnalisme et originalité. Contrairement à la presse écrite, les télévisions privées n'ont pas réussi leur envol comme l'ont fait certains quotidiens de la presse privée au début des années 1990. Même le gouvernement qui avait une peur bleue des télés privées et qui a longtemps retardé l'ouverture audiovisuelle au privé est étonné par ce manque de professionnalisme des télévisions privées algériennes. Dans un commentaire d'internautes algériens on pouvait lire: «Les Algériens attendent l'Al Jazeera nationale.» La peur du gouvernement de voir des télévisions privées détrôner l'Entv a visiblement disparu. La majorité des télévisions privées n'a pas l'audace des titres de la presse écrite. Elles ne produisent ni de la fiction ni du divertissement et retransmettent encore moins de matchs de football. L'absence de vision, des ressources humaines et surtout de créativité déteint gravement sur le contenu de leurs programmes. D'ailleurs, la majorité des émissions sont ratées. Ce ne sont que de pâles copies des émissions des télévisions occidentales ou arabes. Les télévisions algériennes privées n'ont pas su s'adapter à la mondialisation audiovisuelle arabe ou occidentale. Le passage de l'univers de la presse écrite au monde de l'audiovisuel est prenant. Surtout que la majorité des télévisions privées est la déclinaison des journaux privés. Certains ont réussi dans la presse écrite et ont échoué dans l'audiovisuel. Il faut dire aussi que le défi de l'audiovisuel est plus important que les défis de la presse écrite. Imaginons un instant si l'Algérie avait ouvert son champ audiovisuel en 1990. Elle aurait devancé Al Jazeera en matière de liberté d'expression, puisque la chaîne qatarie n'avait été lancée qu'en 1996. L'Algérie avec son aisance financière aurait acheté les droits de toutes les coupes du Monde et coupes d'Afrique pour l'Afrique du Nord. Mais malheureusement, malgré une certaine aisance financière, les télévisions privées algériennes n'ont toujours pas trouvé leur voie et favorisent toujours leurs journaux plus que leurs télévisions. Les canaux audiovisuels sont même devenus un espace pour la médiocrité et l'ignorance, un espace pour le mensonge et le mépris. En attendant, le gouvernement qui n'a pas encore officialisé la privatisation des télés essaye de trouver un consensus pour leur offrir le meilleur espace pour leur développement. [email protected]