«Qui sème le vent récolte la tempête.» Osée «Autant en emporte le vent» est une vieille expression de la langue française qui est directement inspirée d'un passage de l'Ancien Testament: «...et le vent les emporta sans qu'aucune trace n'en fut trouvée.» Elle est utilisée dans sa forme actuelle depuis le XVIe siècle bien qu'elle soit attribuée à François Villon. Elle a un sens lié à la vanité, à la fugacité des choses et aux promesses sans suite, par allusion aux oeuvres humaines fragiles que le vent balaye en n'en laissant aucune trace, les faisant tomber dans l'oubli. Elle correspond exactement à l'expression de chez nous: «Il ne restera de l'oued que ses galets.» Cette expression a été rendue célèbre par Houari Boumediene lors d'un discours mémorable où il essayait d'expliquer à ses compatriotes que les hommes passent et les institutions demeurent. Il avait même ajouté avec la pédagogie qui était la sienne que seuls les gros galets demeurent: une pensée à méditer... «Autant en emporte le vent» a surtout été rendue célèbre par le célèbre film américain signé en 1939 par Victor Fleming et qui reçut dix oscars dont le premier oscar attribué à la première Afro-Américaine Hattie McDaniel. Il est adapté du roman éponyme de Margaret Mitchell paru en 1936. Avec pour acteurs principaux Clark Gable et Vivien Leigh, il raconte l'histoire de la jeune Scarlett O'Hara et du cynique Rhett Butler sur fond de guerre de Sécession. Ce film met également en scène Leslie Howard et Olivia de Havilland. Ecrit par le scénariste Sidney Howard et réécrit, dans l'urgence, par Ben Hecht (en particulier). Il est considéré par l'American Film Institute comme le 6e meilleur film américain de l'histoire du cinéma et figure en cinquième position au palmarès historique des films les plus vus en France. Après correction de l'inflation, il est considéré comme le plus gros succès de l'histoire du cinéma avec 3301.400.000 dollars américains de recettes. Bien que ce film connut moult péripéties durant sa réalisation (deux grands réalisateurs de Hollywood, Sam Wood et Georges Cukor furent renvoyés après des essais décevants), d'énormes bénéfices furent générés par ce film, qui est considéré comme un monument du cinéma américain en raison de la douloureuse période qu'il retrace et des prestigieux acteurs qui s'y sont illustrés. Alors, il ne faut pas s'étonner que l'une des nombreuses institutions qui entretiennent le feu sacré du cinéma en Amérique, célèbre les 75 ans de la sortie de ce film-phare qui demeure comme un repère remarquable dans la prestigieuse et prolifique production américaine qui a suivi ou précédé les troupes armées de la première puissance du monde pour assurer la prépondérance de l'american way of life sur l'étendue de toute la planète. Il faut préciser que les copies de ce film ont été restaurées afin qu'elles gardent la qualité originelle de sa sortie et que des musées ont été créés pour assurer la pérennité du souvenir de cette magistrale production. Du fin fond de notre ténébreuse galaxie où les salles obscures héritées de l'infâme colonialisme ont été perverties ou dévoyées ou simplement fermées, on demeure pensif et perplexe en essayant d'invoquer le sort de toutes les copies de films algériens réalisés au temps de la peste, du choléra et de la langue de bois. Que sont devenues les copies de ces oeuvres qui promettaient de sortir ce peuple de son mutisme millénaire? Dans quels laboratoires, les négatifs sont-ils retenus en otage? Les copies rayées de ces témoins d'une époque épique, seront-elles restaurées un jour? Que ceux dont le premier souci fut de s'offrir un appartement aux Champs-Elysées répondent à ces questions! Il ne restera de l'oued que les galets de la démagogie!