Annaba, la Coquette que de nom Des habitations sont transformées en des abris pour les jeunes voyous, drogués, alcooliques, couples illégitimes, prostituées et autres délinquants. Pour les malfrats et les jeunes désoeuvrés de la commune de Annaba et ses envions, la place d'Armes, constitue un repaire idéal pour se «relaxer». Drogue, alcool, prostitution et insécurité sont au menu forcé des quelques familles qui vivent encore en ces lieux qui se transforment, dès la nuit tombée, en un véritable lieu de débauche. Implantée à la zone nord du chef-lieu de la wilaya de Annaba, la place d'Armes est la première ville, érigée par l'empire ottoman. Portant l'identité noble et diverses facettes de l'Histoire nationale, cette cité antique est, depuis quelques années sous l'emprise de la loi du plus fort, qui règne dès la tombée de la nuit. Après le recasement de centaines de familles, plusieurs logis en ruines étaient restés inoccupés, avant de servir de QG à tous les maux sociaux. Ces habitations se sont transformées en des abris pour les jeunes voyous, drogués, alcooliques, couples illégitimes, prostituées et autres délinquants qui, en l'absence de contrôle imposent leur loi. «Quand la majorité des maisons étaient pratiquement toutes occupées, on avait, certes, des problèmes, mais pas de ce genre. Il y avait de petits jeunes délinquants et des bagarreurs... comme partout, mais il avait plus ou moins une certaine quiétude. On pouvait gérer la situation, car on était tous des familles qui se connaissaient», nous dira Ami Ayachi, un natif de cette cité ottomane. Agé de 91 ans, le vieil homme déplore cette situation, qui semble le toucher profondément. «Aujourd'hui, nous avons affaire à des bandits et malfrats étrangers qui n'ont aucun respect ni considération pour les habitants et les familles, devait regretter notre interlocuteur. Des dizaines de voyous affluent de différents quartiers de Annaba et autres zones périphériques pour s'adonner à l'alcool, la drogue et la prostitution car, la communauté des gais et des lesbiennes sont pour la plupart domiciliées dans cette partie de la ville de Annaba, où, les soirées se transforment généralement en bagarres, avec les insultes et les gros mots font le quotidien qui des quelques familles, vivant encore dans leurs biens. La place d'Armes est aussi le port d'attache pour des centaines de jeunes filles, débarquant de différentes wilayas de l'est du pays. Elles trouvent refuge dans les habitations délabrées de la vieille ville. Elles viennent pour la plupart de Souk-Ahras, Guelma, BatnaTébessa, notamment pour s'adonner surtout au plus vieux métier du monde, et travailler dans les cabarets de Annaba», ont déploré des habitants de la ville de Annaba. Ils trouvent qu'il est très difficile de vivre dans une telle situation, d'autant plus qu'ils ne peuvent rien faire face à ces voyous et ces prostituées qui profèrent des injures. Un état qui contraint des pères de famille et des frères à quitter leur domicile pour ne pas assister à ces dépassements moraux en famille. «Ma femme et mes enfants mettent la télé à fond pour ne pas entendre leurs vulgarités», a témoigné Hamouda, un habitant de la rue de Sid Khlayf. En effet, dans cette partie de la commune de Annaba, où les maisons en ruine abandonnées et autres carcasses, des matelas, de grands cartons, des bouteilles et cannettes de boissons alcoolisées, des centaines de mégots et sachets de chique sont partout éparpillés. Un décor qui renseigne sur l'identité de ces damnés de la nuit. A vrai dire, c'est un vrai lieu de débauche à ciel ouvert! Les nouveaux occupants des habitations délabrées, sont très dangereux et complètement inconscients de leurs actes... ils sèment la terreur parmi les derniers occupants de la place d'Armes, qui interpellent les pouvoirs publics pour trouver une solution à leur détresse. Car le remède lié à l'intervention des services de sécurité ne semble pas venir à bout d'une situation devenue, chaque jour de plus en plus insoutenable. Transformée en un véritable bidonville, la place d'Armes, est aujourd'hui, la favela de la peur, non seulement pour les occupants restants de cette cité ottomane, mais aussi pour toute la commune de Annaba, dont la population déplore la déferlante des jeunes filles fuyant leurs wilayas et la concentration des maux sociaux dans cette partie de la ville des Jujubes. Cela ne semble pas pour autant soucier les gestionnaires de la wilaya de Annaba, notamment ceux en charge du patrimoine, la vieille ville en l'occurrence. En effet, en l'absence d'une réelle politique de préservation de ces vestiges historiques, dont seul un tiers fait office d'habitations saines, le reste est transformé en un lieu de débauche au vu et au su de tous. L'on se demande à quand la restauration de cette vieille ville? Ces victimes se comptent par dizaines. Qui disparues sous les décombres des effondrements occasionnés par les intempéries, qui par les maladies générées par la dégradation du cadre de vie, entre les uns et les autres, il y a ceux qui ont été victimes d'agressions mortelles des gangs pullulant dans les rues et ruelles de la place d'Armes. Aujourd'hui, le constat est alarmant. Ce patrimoine civilisationnel éternel qui enseigne sur le passé glorieux de «Lalla Bouna», est en phase de disparition complète, si aucune intervention immédiate n'est entreprise par les pouvoirs locaux. De ce fait, il s'avère impératif, voir primordial pour la pérennité de cet héritage que les efforts se déploient, notamment par l'office communal de restauration et de valorisation de la vieille ville (Ocrava). Cet office qui demeure indifférent à la détérioration de ce patrimoine historique, avait, en vue de procéder à la restauration et la réhabilitation de ce site recensé 655 vieilles bâtisses, dont certaines conservent encore leur architecture arabo-musulmane, 113 se trouvent dans un très bon état, soit 17, 25% du parc immobilier de la vieille ville seulement. Le même office avait recensé durant la même période 204 habitations nécessitant des travaux de restauration, 190 à rénover, 30 à réhabiliter et 57 bâtisses menaçant ruine. Une enveloppe financière de 11 millions de dinars avait été à l'époque, réservée, à l'effet d'engager une série de travaux pour la réhabilitation de ce patrimoine historique et sa portée culturelle et civilisationnelle. Des travaux qui jusqu'à l'écriture de ces lignes sont restés tributaires d'indifférence, laxisme ou de négligence, que sait-on? Pour l'heure, et au moment où les vieilles villes, à l'image de celle de Constantine, Alger et Oran jouissent d'une prise en charge considérable, restauration en l'occurrence, celle de la wilaya de Annaba, qui remonte à l'an 527, continue de s'effriter sous les yeux de responsables inertes. En attendant la rigueur de l'application des décisions du ministère de l'Habitat, la vieille ville de la wilaya de Annaba, restera encore une favela de la peur où les malfrats et les jeunes désoeuvrés de la commune de Annaba et ses environs continuent de faire des vestiges ottomans, un repaire idéal pour se «relaxer». Jusqu'à quand la drogue, l'alcool, la prostitution et l'insécurité seront le menu forcé des quelques familles qui vivent encore en ces lieux, qui se transforment, dès la nuit tombée, en un véritable lieu de débauche et coupe-gorge.