La mise en place d'un laboratoire Adn est un quasi non-événement pour l'Anfd. Comme il fallait s'y attendre, l'Association nationale des familles des disparus (Anfd) a réagi avec virulence aux divers commentaires qui avaient accompagné l'ouverture du premier laboratoire africain d'analyse Adn à l'occasion du 42e anniversaire de la Police algérienne. Aux yeux de cette association, que le pouvoir refuse toujours d'agréer, il est, en substance, chimérique de vouloir apporter un traitement technique à une question éminemment politique. Dans un communiqué rendu public hier, quelques jours à peine après l'inauguration de ce laboratoire ultra-moderne, l'association explique cette position revendicatrice par le fait que «si les analyses Adn contribuent à identifier des corps de disparus dans les catastrophes naturelles telles que les inondations de Bab El-Oued ou le séisme du 21 mai 2003, est-il besoin de recourir à cette technique pour que l'Etat réponde sur le sort des personnes interpellées officiellement par ses institutions». L'Anfd continue, donc, de soutenir que les dossiers qu'elle défend depuis bientôt une décennie concernent des cas de «disparitions forcées» avérées. Cela, contrairement à ce qu'ont soutenu d'autres sons de cloche, dont celui du RCD, pour qui «l'ensemble des disparus seraient des gens qui auraient rejoint le maquis, et y auraient en grande partie trouvé la mort». Les familles des disparus, qui exigent avant tout la vérité sur ce qui est arrivé aux leurs avant de pouvoir faire leur deuil, s'élèvent contre ce qu'ils qualifient «d'opération tendancieuse» qui serait uniquement du fait des interprétations médiatiques qui en ont été faites. Farouk Ksentini, chargé par Bouteflika de faire la lumière sur ce dossier à travers la mise en place d'une commission ad hoc, a toujours souligné vouloir aller jusqu'au bout de sa mission, en dépit de la difficulté de cette tâche, aggravée par le fait que la plupart des cas de disparition, remontant à plusieurs années, ne permettent de consulter aucun témoin encore vivant. L'Anfd, qui était déjà entrée en conflit avec d'autres organisations des familles des disparus à propos de l'internationalisation ou pas du problème, persiste à soutenir que les seules solutions viables résident en Algérie. Il n'en demeure pas moins qu'une nouvelle étape risque d'être franchie dans les prochains jours. Il s'agit de la prochaine ouverture d'un site Internet relatant par le menu détail l'ensemble des cas de disparitions forcées recensées par l'association depuis sa naissance. Ce fichier, croit-on savoir, a été finalisé il y a de cela plusieurs années. Il aurait été transmis à l'ensemble des autorités concernées. C'est parce qu'il n'aurait pas bénéficié du traitement qui en était souhaité, que l'association a décidé de rendre public un fichier aussi sensible. Le moins que l'on puisse dire c'est que la problématique des disparitions forcées n'a pas fini de faire parler d'elle.