Le mouvement serait en proie à un courant porteur d'opposition sans faille à l'approche étatique. Elle s'en va au moment où la guerre opposant les différentes parties impliquées dans la question des disparus fait rage. Dalila Kouidri, désormais ex-présidente de l'Association nationale des familles des disparus (Anfd), a démissionné de son poste, jeudi dernier, au terme de la réunion de l'assemblée générale de l'association qui s'est tenue au siège de la Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme (Laddh) à Alger. Si elle est restée évasive sur les raisons de son départ «forcé?» elle avoue, tout de même, que l'association est, depuis quelque temps, traversée par de nombreux courants qui, en fait, n'épousent pas sa façon de voir les choses ni la manière de traiter cet «épineux» problème que sont les disparus. Egratignant à demi-mot ses détracteurs qui auraient, a-t-elle laissé entendre, pris leurs distances avec les institutions de l'Etat, chargées du dossier en particulier la commission ad hoc que chapeaute le président du Cncppdh, Farouk Ksentini, alors que ce dernier, a-t-elle soutenu, fait du «bon boulot». Mme Kouidri, qui affirme continuer, en dépit de sa démission, à représenter les familles des disparus en dehors, cette fois-ci bien sûr, de l'Anfd, considère, à l'opposé de ses ex-collègues, que le dossier des disparus ne se pose pas en termes politiques, car elle estime que les problèmes auxquels font, à ce jour, face les familles des victimes, demeurent dans une large mesure d'ordre technique. Une attitude qui ne fait pas, visiblement, l'unanimité au sein de la grande famille des disparus. Et pour cause: la sortie «coup de poing» d'Ali Yahia Abdenour, mardi dernier, où ce dernier s'est passé volontiers de mettre des gants pour accuser l'Etat de vouloir clore définitivement le dossier alors que, selon lui, le sort des 18.000 personnes disparues reste, à ce jour, inconnu. Pis, le président de la Laddh n'a pas été sans virulence contre Farouk Ksentini, en le pointant d'être l'homme auquel le président Bouteflika a confié cette «sombre tâche». Le président de l'instance publique des droits de l'Homme, Farouk Ksentini, n'entend pas la question de la même oreille et préfère, quant à lui, parler de problèmes techniques dont la mise à disposition par la police nationale du laboratoire ADN, réduira, à coup sûr, l'ampleur, notamment des disparus du fait du terrorisme. Réagissant à l'intervention d'Ali Yahia, il a nié en bloc ces accusations et assuré, au contraire, de sa volonté à remplir la mission dont il a la charge. Quant à l'«exclusion» des familles des disparus des instances publiques telles la commission ad hoc, ce dernier, tout en la regrettant, a mis en avant l'argument juridique qui leur dénie une existence légale. Pour autant, le président du Cncppdh entend, dans les jours à venir, accélérer la cadence dans le traitement des dossiers en instance, pour peu, dit-il, que cela se fasse en dehors de lectures politiques. C'est dans cette optique justement que s'inscrit l'approche de Mme Dalila Kouidri qui nous a réaffirmé sa détermination à aller encore plus loin dans la revendication pour défendre les droits de ces milliers de familles.