Le congrès réunificateur du FLN se tiendrait au plus tard à la fin du mois de septembre. A contre-courant du climat général qui a régné hier, au Mouflon d'Or, les propos du président de la commission nationale pour la préparation du 8e congrès réunificateur ont étonné ceux qui se définissent encore comme «des redresseurs lésés». Des propos qui véhiculent en filigrane un très vaste plan de réconciliation au sein du vieux parti. D'entrée de jeu, M.Belkhadem plante le décor. Il enterre le mouvement de redressement et refuse de parler de deux tendances, de deux clans...de deux têtes au sein du FLN à la grande surprise «des frondeurs». «Depuis l'installation de la commission nationale de préparation du congrès, il n' y a plus de raison de parler de mouvement de redressement, de commission provisoire pour la gestion des affaires du parti ou de deux tendances au FLN.» Par son allocution, Belkhadem a recouvré l'estime des militants qui ont assumé leurs idées jusqu'au bout. Il s'agit de ceux qui ont soutenu bec et ongles le candidat Ali Benflis à la présidentielle du 8 avril dernier. Abdeslam Medjahed, Aziz Djoghri, Aziz Belaïd et S'ghir Tarek ont pris fait et cause pour Benflis et se retrouvent au niveau des sous-commissions de préparation du congrès. Cette composante a soulevé l'ire des redresseurs qui s'estiment lésés au point de retarder de plus d'une heure le début des travaux de la commission de préparation du congrès. Deux fourgons des brigades antiémeutes ont été dépêchés sur les lieux. Alors que les personnes chargées de l'organisation exigeaient des badges aux participants pour accéder à la salle, la situation a failli dégénérer. Les contestataires des listes défoncent la porte et prennent d'assaut la tribune. Tayeb Yennoun, coordinateur du mouvement de redressement de la wilaya d'Alger, lit le communiqué des redresseurs d'Alger alors que régnait une cacophonie totale dans la salle. «Nous dénonçons un complot contre le mouvement de redressement et nous retirons notre confiance à la commission nationale de préparation du congrès.» Rares sont les personnes qui bronchent. Un autre redresseurs de Tébessa se saisit du micro. Il crie lui aussi au complot et à l'isolement «de ceux qui se sont défoncés et ont dépensé leur argent pour participer au redressement». Une heure auparavant, Amar Tou affirmait que «le redressement est toujours en mouvement». Il dénonce «un jeu malsain contre la volonté de Belkhadem», avant d'indiquer que les invitations ont été faites «en catimini et de manière sélective». Mais l'allocution de Belkhadem est discordante sur le discours développé par les redresseurs encore hostiles aux pro-Benflis. Le président de la commission de préparation du congrès réunificateur a plaidé la réconciliation entre les militants du parti. Pour asseoir son argumentaire, Belkhadem a averti contre les menaces qui guettent le parti. Il y a quelques semaines, des membres de l'Organisation nationale des moudjahidine ont demandé dans une lettre adressée aux mouhafadhas la restitution du FLN à l'histoire. «Après l'indépendance, certains moudjahidine avaient rejoint le PRS, le FFS, le FIS, d'autres Ennahda et d'autres encore le RND. Nous dénions le droit à quiconque de parler au nom du FLN sauf ses militants.» C'est donc sur la base d'une sérieuse menace externe que Belkhadem a tenté de convaincre de la justesse d'une démarche qui en dit long. Seulement, l'absence de Si Affif, l'hésitation d'Amar Tou, de Saïd Barkat et de Kara ne constitue-t-elle pas les prémices d'une autre perturbation en phase d'incubation?