Les sénateurs font... du cinéma S'exprimant en marge de la séance-débat, la ministre de la Culture a refusé de rentrer dans cette polémique en défendant la liberté de la pensée. La polémique sur le film El Ouahrani de Lyes Salem gagne l'institution de Bensalah. La sénatrice du tiers présidentiel, Zohra Graab, a ouvert le feu sur ce nouveau film qui dénigre, selon elle, la révolution. Intervenant lors des débats sur le projet de loi de finances 2015, cette sénatrice d'Oran a consacré une grande partie de son discours à cette question. «Comment autoriser la sortie d'un tel film qui porte atteinte à la famille révolutionnaire», s'est- elle interrogée en interpellant directement la première responsable du secteur Nadia Labidi qui était présente sur place. «Honte à cette génération qui défigure l'image de nos symboles, les mou-djahidine», a-t-elle martelé. Cette moudjahida a critiqué ce film en estimant qu'il représente mal la région d'Oran qui a marqué son nom dans l'Histoire. S'exprimant en marge de la séance-débat, la ministre de la Culture a refusé de rentrer dans la polémique, tout en défendant la liberté de pensée. Mme Labidi précise que ce film ne parle pas de la révolution, mais évoque une période post-indépendance. «Chaque film fait l'objet d'une commission de consultation avant sa sortie», a-t-elle précisé tout en estimant que ce n'est pas un film qui va casser l'image sacrée des moudjahidine. La ministre de la Culture défend le droit de libre pensée. «Le réalisateur est libre, on n'est pas là pour faire une pensée prêt- à- porter», a-t-elle soutenu. Depuis sa sortie au public, le dernier film du cinéaste franco-algérien Lyès Salem, fait l'objet d'une campagne sans précédent, orchestrée par des associations et d'hommes de religion. Les attaques souvent haineuses, relayées par les réseaux sociaux et par une partie de la presse algérienne, ont pris une autre dimension vendredi soir à Oran. Des inconnus et d'anciens responsables du FLN et de l'Organisation des enfants de moudjahidine (Onem) ont tenté de bloquer la projection du long-métrage à la salle Essaâda. Dans un entretien accordé au site électronique TSA, le réalisateur a rejeté ces accusations. «Je ne donne pas d'image de moudjahid. Dans l'Oranais, je raconte l'histoire d'un groupe de personnes, des êtres humains avec plein de contradictions. Si cela heurte la sensibilité de certains qui préfèrent garder une image réconfortante ou rassurante d'un certain type de personnes, j'en suis désolé pour eux. Mais ce n'est pas ma façon de voir les choses»,.a-t-il affirmé. Il y a lieu de souligner que les débats sur le projet de loi de finances 2015 sont devenus une occasion pour les parlementaires d'évoquer les différents problèmes et même de dénoncer les comportements de certains responsables. C'est le cas d'ailleurs du sénateur Derrradji qui a dénoncé le rôle médiocre du Sénat qui est absent, selon lui, des débats depuis plus d'une année. Le sénateur Abbas Bouamama a accusé carrément le gouvernement de mensonge en parlant des projets sur le Sud alors que la réalité reste toute autre. Par ailleurs, les chefs de groupe parlementaire ont salué le projet de loi de finances tout en insistant sur la rationalisation des dépenses. Le chef du groupe parlementaire du FLN, Abdelkader Zehali, a appelé le gouvernement à intégrer les jeunes dans des programmes de développement en créant des postes d'emploi. Lakhdar Sidi Athmane du RND a reconnu que beaucoup de projets sont réalisés mais il reste des lacunes qu'il faut régler. De son côté, Abdelkrim Koreichi du tiers présidentiel, a mis l'accent sur le contrôle régulier des dépenses et la promotion des exportations. Le projet de loi sera validé aujourd'hui par les sénateurs.